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Crash du Rio-Paris: l'avocat des familles de victimes veut un procès "pour tout mettre sur la table"

Le crash du vol Air France Rio-Paris avait fait 228 morts, le 1er juin 2009.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une stèle funéraire en hommage aux victimes du crash du vol Rio-Paris, au cimétière du Père Lachaise, en 2010. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Dix ans après la disparition du vol Air France Rio-Paris, qui a fait 228 morts de 34 nationalités différentes, le 1er juin 2009, Alain Jakubowictz, avocat de plusieurs familles de victimes, espère un procès qui permet de faire la lumière sur la catastrophe. "Le procès permet de tout mettre sur la table, en présence des familles de victimes, en présence de tous les protagonistes", a-t-il estimé sur franceinfo samedi 1er juin.

franceinfo : Pourquoi est-ce aussi compliqué de savoir ce qu'il s'est passé ?

Alain Jakubowictz : Tout cela est très complexe, c'est toujours ainsi dans les catastrophes, les accidents collectifs. Les expertises sont extrêmement longues. Il a fallu du temps pour retrouver la carlingue, les boîtes noires, ensuite il y a eu des débats d'experts, d'abord du BEA [bureau d'enquêtes et d'analyses], les instances officielles puis les experts judiciaires. Il y a eu une première expertise, puis une deuxième qui a été annulée pour des raisons de procédure, puis une troisième. Tout ça est malheureusement extrêmement long. C'est un domaine très fermé, j'ai même employé le terme de consanguinité. Les spécialistes de l'aviation se connaissent tous. Donc tout cela est extrêmement compliqué, et c'est ce qui explique malheureusement les délais de procédure qu'il est très difficile pour nous d'expliquer à nos clients.

Y a-t-il une bataille judiciaire entre Airbus et Air France, qui se rejettent la responsabilité ?

Non, pas véritablement. C'est un domaine extrêmement sensible, ce sont deux fleurons de l'économie nationale. Air France et Airbus n'osent pas vraiment être frontal l'un envers l'autre. En fait, on est plus dans des parallèles que dans des défenses qui se croisent. Tout ce que nous savons aujourd'hui montre qu'il y a une part de responsabilité d'Airbus, pour nous c'est évident, et qu'il y a une part de responsabilité d'Air France, les deux étant complémentaires. Ça, c'est la justice qui doit le déterminer. C'est malheureusement très long, mais nous sommes maintenant au terme de la procédure. Nous devrions savoir, dans le courant du mois de juin, la position du parquet. Nous n'aurons pas la décision finale ce mois-ci, mais nous devrions savoir quelle est la position du procureur de la République de Paris quant au renvoi d'Air France et d'Airbus devant le tribunal correctionnel. Et dans un second temps, le juge d'instruction aura à se positionner sur ces réquisitions.

Un procès pourra-t-il faire la lumière sur cette affaire ?

Dans ces dossiers de catastrophes et d'accidents collectifs, les procès sont extrêmement importants, parce que pour l'instant, les experts ont travaillé de leur côté, de façon non-contradictoire, on a collationné un nombre considérable d'éléments. Le procès permet de tout mettre sur la table, en présence des familles de victimes, en présence de tous les protagonistes. C'est à ça que sert un procès, avant tout. Dans quasiment toutes les catastrophes, c'est le procès et le contradictoire, l'oralité des débats, la confrontation des points de vue, qui permettent de faire la lumière. Pour les familles de victimes, c'est essentiel. D'abord la lumière, d'abord la vérité, et de cette vérité doit résulter la justice et une décision qui sera rendue par le tribunal.

Dans quel état d'esprit sont les familles des victimes, 10 ans après la catastrophe ?

Elles sont atterrées. Et dans les accidents d'avion, c'est toujours particulier, d'abord parce que l'on a un nombre considérable de nationalités, et puis on ne retrouve pas les corps. C'est terrifiant pour les familles. Dans notre vieille civilisation judéo-chrétienne, ne pas pouvoir enterrer un proche, c'est quelque chose de terrifiant. Et il y a cette incertitude, certains se construisent des films. On sait que l'avion est tombé, mais mon fils était un bon nageur, peut-être a-t-il nagé... Il faut se rendre compte de l'horreur que cela représente pour les familles. Et ces familles de victimes, c'est vous, c'est moi, c'est nous. Personne n'est à l'abri d'un accident d'avion, et c'est la raison pour laquelle nous voulons que les choses soient prises particulièrement au sérieux.

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