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Vidéo "Gilets jaunes" : "C'est un moment charnière, ce qui se joue c'est la capacité de ce pouvoir à continuer à réformer"

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
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Le politologue Olivier Rouquan analyse mercredi l'attitude du gouvernement et d'Emmanuel Macron face aux "gilets jaunes". Il note de "vraies fissures" au sein de la majorité et du gouvernement.

Le mouvement des "gilets jaunes", tout comme l'opposition, ne semblent pas entièrement convaincus par les annonces du Premier ministre Édouard Philippe pour tenter de calmer la colère. Les appels à manifester samedi sont maintenus. Selon le politologue et constitutionnaliste Olivier Rouquan, nous sommes à un "moment charnière" et "ce qui se joue finalement, c'est la capacité de ce pouvoir à continuer à réformer" a-t-il estimé sur franceinfo mercredi 5 décembre. 

franceinfo : Est-ce qu'Édouard Philippe est encore en capacité d'être Premier ministre ?

Olivier Rouquan : C'est difficile à dire. On retrouve un peu la Ve République puisque le Premier ministre va éventuellement servir de fusible si d'aventure cette crise dure trop. Ceci étant dit, la gestion de crise pour l'instant ne fait pas partie des armes que ce gouvernement ou cette équipe au pouvoir utilise facilement. On l'avait déjà vu avec l'affaire Benalla. Et là, on voit que la réaction de ce pouvoir exécutif n'est pas considérée par une grande partie de l'opinion publique à la hauteur. La gestion de la chronologie n'est pas la bonne. Ce qui a été annoncé hier aurait dû être annoncé tout de suite pour essayer de limiter l'incendie, et ensuite aurait dû être évoquée cette méthode des conférences territoriales. Là, on a fait l'inverse. D'où cette incompréhension et d'où cette poursuite des revendications des mobilisations, semble-t-il, après les annonces. On voit que leurs effets ont été faibles.

Édouard Philippe est en première ligne et Emmanuel Macron, lui, est en retrait. Il ne parle plus. C'est une bonne stratégie de garder le silence comme ça ?

On retrouve un peu la Ve République avec un Premier ministre qu'on envoie au front et un président qui est un peu en retrait. Simplement, le mutisme et en même temps aller sur le terrain pour être chahuté, sur le plan de la communication, ce n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux aujourd'hui. Le président est jugé arrogant par 72 % des sondés, il est jugé en déphasage avec la réalité des Français à 71 % et il est jugé trop autoritaire par 68 %. Il y a un vrai problème d'image de ce président.

Lundi soir, la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa a "traduit" Édouard Philippe en disant "en bon français" que "si on ne trouve pas de solution pendant ces grandes consultations citoyennes, on arrêtera et on mettra une croix sur cette hausse des taxes". C'est surprenant de la part d'une ministre de dire qu'il faut traduire les propos du Premier ministre...

Oui, c'est surprenant qu'une ministre prenne cette liberté de ton. Il commence à y avoir de vraies fissures dans cette majorité, dans cette équipe gouvernementale, et cette crise va laisser des traces. Les députés ont été assez nombreux à faire remonter l'idée que ce gouvernement est déconnecté des réalités et qu'ils veulent être davantage associés et entendus par le gouvernement. Il faut véritablement changer de gouvernance si l'on ne veut pas se retrouver avec une situation où cette majorité se déliterait face à ce type de choc. (...) C'est un moment charnière, car ce qui se joue finalement, c'est la capacité de ce pouvoir à continuer à réformer. Or il a été élu pour régénérer la vie démocratique, c'est ce qui explique l'élection d'Emmanuel Macron en partie. Et là, le bilan est très négatif, il va falloir contrebraquer sur plusieurs points.

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