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"S'ils nous démantèlent, on reviendra" : près d'Abbeville, les "gilets jaunes" ne veulent pas abandonner leur rond-point

Le gouvernement veut faire place nette sur les ronds-points occupés par les "gilets jaunes". Les évacuations vont se poursuivre, assure le ministre de l’Intérieur. Mais sur les ronds-points, beaucoup ne l’entendent pas de cette oreille, comme à Abbeville dans la Somme.

Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des "gilets jaunes" au rond-point de Vauchelles, le 14 décembre. (FRED DOUCHET / MAXPPP)

"On construit ! On va refaire des chambres...", lâche un "gilet jaune", installé sur un rond-point à la sortie de l'A16 près d'Abbeville dans la Somme, le 17 décembre 2018, un mois après la première mobilisation du 17 novembre. Ici les travaux ne visent pas à démanteler mais bien à agrandir une cabane faite de palettes et de bâches.

À l'intérieur, trois canapés, une table et un garde-manger sur lequel veille Agnès, quinquagénaire au chômage. "Ça, c'est des dons des gens, glisse-t-elle, en pointant le petit meuble. Le matin on a du pain frais, c'est un boulanger qui nous l'amène. On a des clémentines, on a des pommes... on a de quoi tenir un siège ! On ne partira pas, on tiendra bon." Elle se dit prête à rester jusqu'à Pâques "s'il le faut". "C'est nous qui déciderons quand on lâche. C'est pas lui qui va nous commander", assure-t-elle, d'une voix déterminée. Lundi, le ministre de l'Intérieur a fermement appelé les "gilets jaunes" à cesser l'occupation des ronds-points.

Un sapin pour Noël

Avant Pâques, la trentaine de "gilets jaunes" qui se relaient sur le rond-point nuit et jour pensent d'abord à Noël, le sapin est déjà installé. "On a dit qu'on faisait Noël ici avec les enfants, raconte une mère de famille. Ils auront leur petit pain au chocolat, leur petit verre de jus d'orange. Ils seront avec nous et on ne lâchera pas, on ne lâchera rien !"

Les appels du ministre de l'Intérieur à libérer les ronds-points ont du mal à passer, notamment auprès de Guillaume, charcutier pour 1 400 euros par mois. "Lui, c'est ce qu'il voudrait : qu'on rentre chez nous, qu'on reprenne le boulot et qu'on ferme nos gueules, déplore le jeune homme. S'il a cru qu'en nous disant ça on allait démonter nos tentes et qu'on allait rentrer chez nous... S'ils nous démantèlent, on reviendra. On sera dans les rues, on sera quelque part. Ils veulent nous faire rentrer chez nous pour les fêtes, mais non. On ne rentrera pas chez nous. Il ne nous a rien donné, pourquoi on rentrerait chez nous ?" 

Les "mises en garde" des gendarmes

Guillaume promet une résistance pacifique en cas de démantèlement. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde sur le rond-point. "On a construit avec nos mains, on se défendra peut-être avec nos mains", prévient un "gilet jaune".

Les "gilets jaunes" d'Abbeville ont d'ailleurs reçu la visite de gendarmes, une visite de "mise en garde", raconte Céline. "Ils nous ont prévenu qu'il ne fallait plus être sur la voie publique pour distribuer des tracts ou pour faire signer des pétitions, raconte la jeune femme. Également qu'on n'avait plus le droit de se garer devant le campement, sinon c'était une amende. C'est un avertissement, quand même".

A la préfecture de la Somme, on ne semblait pas pressé lundi 17 décembre au soir de démanteler les campements, tout en ajoutant qu'on ne pourrait pas "les accepter éternellement"

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