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"On veut être au plus près de l'Elysée" : à quoi ressemblera la nouvelle manifestation des "gilets jaunes" samedi ?

Malgré les débordements du premier samedi de mobilisation des protestataires dans la capitale, ils sont de nouveau invités à défiler sur les Champs-Elysées samedi. Mais les autorités y sont opposées, d'autant que cette manifestation n'a pas été déclarée à la préfecture de police.

Article rédigé par Raphaël Godet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Un "gilet jaune" manifeste près de l'arc de triomphe, à Paris, samedi 24 novembre 2018. (LUCAS BARIOULET / AFP)

Paris, deuxième round. Après les manifestations du 17 novembre en région, puis celle du 24 sur les Champs-Elysées, les "gilets jaunes" remettent le couvert dans les rues de la capitale, samedi 1er décembre. Malgré les incidents qui ont eu lieu une semaine plus tôt, un événement Facebook les invite à nouveau à manifester sur la célèbre avenue parisienne. Combien de personnes vont y participer ? Comment les autorités se préparent-elles ? Voici ce à quoi il faut s'attendre.

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Qu'est-il prévu samedi ?

Un rassemblement sur les Champs-Elysées. Comme pour le samedi 24 novembre, un événement Facebook invite les "gilets jaunes" à manifester sur l'avenue parisienne. "On n'a rien obtenu [des autorités] pour l'instant, donc pourquoi on relâcherait la pression ? explique à franceinfo l'un des porte-parole du mouvement, Eric Drouet. D'ailleurs, s'il le faut, on recommencera comme ça tous les samedis."

Malgré les dégradations et les violences commises sur la célèbre avenue parisienne, il affirme ne pas avoir "hésité une seconde à reproposer les Champs-Elysées puisqu'on n'a rien à se reprocher"

On veut être au plus près de l'Elysée pour la symbolique que cela représente, donc les Champs-Elysées, c'est idéal.

Eric Drouet

à franceinfo

Deux autres rassemblements de "gilets jaunes", déclarés, dans Paris. A ce jour – vendredi 30 novembre au matin –, le ministère de l'Intérieur précise qu'aucune manifestation n'a été déclarée concernant les Champs-Elysées. Seules deux demandes de manifestations ont été déposées à la préfecture de police de Paris. Il s'agit d'une manifestation allant de la place de la Madeleine à la place de la République, ainsi qu'un rassemblement à République, a appris franceinfo. Mais aucun horaire n'a été communiqué.

Une manifestation de la CGT. Un autre rassemblement, organisé par le syndicat pour la défense du pouvoir d'achat, est prévu le même jour dans la capitale, mais sans lien avec les "gilets jaunes". "C'est une simple coïncidence, assure la CGT à franceinfo. Pour autant, aucune convergence n'est prévue, ce seront bien deux cortèges différents." N'empêche, la CGT des cheminots de Saint-Denis demande à ses militants sur Facebook d'enfiler... "un gilet rouge". Le lieu et l'horaire de cette autre mobilisation ne sont pas encore connus.

Une manifestation étudiante. A priori sans lien avec les "gilets jaunes", elle est aussi organisée à l'appel de la Fage, l'un des principaux syndicats de l'enseignement supérieur. Le rassemblement est organisé à midi devant le Panthéon, pour protester contre l'augmentation des frais d'inscription à l'université. 

Combien de manifestants sont attendus ?

Difficile à dire car le mouvement ne dispose pas de moyens de comptage. "Je ne sais pas combien on sera, mais on sera beaucoup, plus que samedi dernier", promet Eric Drouet. Si l'on s'en tient à la page Facebook de l'événement, 33 000 personnes avaient déjà annoncé leur participation vendredi matin, et 132 000 se disaient intéressées. En comparaison, c'est moins que le 24 novembre, au matin même de la mobilisation. 

D'autres organisations ont appelé à rejoindre le cortège. C'est notamment le cas du collectif "La vérité pour Adama", qui demande que la lumière soit faite sur les conditions de la mort d'Adama Traoré lors de son interpellation en 2016. Sur Twitter, il appelle à "rejoindre les 'gilets' jaunes pour dénoncer les injustices sociales et les violences policières".

Par ailleurs, comme le 24 novembre, plusieurs groupes d'ultradroite appellent leurs militants à participer au rassemblement. C'est le cas de l'Action française, qui assure à franceinfo qu'une centaine de ses militants étaient déjà sur les Champs-Elysées le 24 novembre. 

Comment les autorités se préparent-elles ?

Les autorités sont confrontées à la même difficulté que le samedi 24 novembre : la présence en nombre, et sans autorisation, de manifestants sur les Champs-Elysées, une journée de week-end, quelques semaines avant Noël. Interrogé par France 3, le ministre de l'Intérieur a annoncé que la célèbre avenue serait fermée "à la circulation" des véhicules, mais ouverte aux piétons avec des "contrôles d'identité systématiques"

Les Champs-Elysées seront ouverts aux piétons dans un dispositif très resserré, très hermétique, sur l'ensemble des accès aux Champs-Elysées (...). Ils pourront pénétrer, ils seront contrôlés avec une pièce d'identité, nous fouillerons les sacs.

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur

sur France 3

"Non seulement le périmètre sera protégé, mais nous aurons des forces d'interpellation sur le site et dès qu'il y aura des dégâts, des provocations, nous sanctionnerons, nous interpellerons et nous livrerons à la justice", a prévenu Christophe Castaner, sans préciser le nombre de forces de l'ordre mobilisées samedi.


Quoi qu'il en soit, les moyens déployés devraient être conséquents. Samedi 24 novembre, 5 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés. Ce qui n'avait pas empêché les dégradations. Terrasses de restaurants saccagées, vitrines brisées, stores brûlés, feux tricolores et Abribus détruits... La mairie de Paris chiffre les dégâts à "plusieurs centaines de milliers d'euros" pour l'espace public. Les éléments de chantier qui avaient permis d'ériger des barricades sur les Champs-Elysées ont été retirés. 

On ne peut pas revivre un samedi noir.

Colombe Brossel, adjointe à la Sécurité à la mairie de Paris

sur franceinfo

La préfecture de police de Paris a également annoncé l'interdiction de l'accès à la place dela Concorde et aux abords de l'Elysée, de Matignon, du ministère de l'Intérieur et de l'Assemblée nationale.

Comment les commerçants anticipent-ils cette journée ?

La perspective d'un nouveau rassemblement n'enchante guère les commerçants des Champs-Elysées. Plus d'un million d'euros de produits ont été pillés dans la boutique Dior, samedi 24 novembre. Chez Samsung, les employés ont même dû enfermer les clients dans le magasin pendant un moment, pour les protéger. "On a déjà bien morflé samedi, explique à franceinfo le responsable de "La Brioche dorée". On a dû fermer la boutique à la mi-journée tellement c'était tendu, on n'a pas envie que la pagaille recommence." 

Pour le moment, lui et ses collègues de l'avenue n'ont pas reçu de consignes particulières des autorités. Le magasin ouvrira comme tous les samedis à 7 heures, "mais on prendra nos responsabilités si ça chauffe". 

Notre priorité, c'est la sécurité des clients et des salariés.

Un responsable du magasin "La Brioche dorée"

à franceinfo

La fermeture de sa boutique ? "Ce serait une très mauvaise nouvelle, à trois semaines de Noël. Un samedi normal, c'est 9 000 euros de chiffre d'affaires pour nous", explique le responsable de "La Brioche dorée" des Champs-Elysées.

Dans le secteur de la place de la Madeleine, où d'autres rassemblements sont organisés, la préfecture a distribué un avis à certains commerçants. Ces derniers sont appelés à "protéger leurs commerces contre d'éventuelles dégradations, en apposant des panneaux de protection sur les voitures et en retirant les étalages, terrasses, contre-terrasses, véhicules, ainsi que tous les objets vulnérables".  

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