"On va écrire notre constitution" : des "gilets jaunes" réclament un nouveau cadre politique et plébiscitent le référendum d'initiative citoyenne
Malgré une mobilisation en baisse samedi 15 décembre, les "gilets jaunes" de l'Essonne ne baissent pas les bras et se repolitisent autour du référendum d'initiative citoyenne.
Leur brasero est éteint, leurs pieds sont gelés mais pas question de quitter ce rond-point tout proche de la zone commerciale de Villabé, trente kilomètres au sud de Paris. Cinq "gilets jaunes" y ont planté une banderole : dessus, peintes en noir, trois lettres : RIC, comme "référendum d'initiative citoyenne". "Je n'ai jamais voté, et j'irai juste voter pour les lois que le RIC proposera et que tous les citoyens proposeront, s'enthousiasme l'un d'entre eux. Je suis pour qu'on parle tous ensemble, qu'on fasse les lois ensemble."
L'espoir d'un référendum
Le RIC, c'est ce qui pousse une grande partie de gilets jaunes à poursuivre le mouvement. L'acte V samedi 15 décembre a rassemblé moins de monde : 66 000 manifestants dans toute la France contre plus de 120 000 le 8 décembre. Mais pour la première fois depuis le début de la crise, le Premier ministre Édouard Philippe montre des signe d'ouverture : un référendum, pourquoi pas, mais pas sur n’importe quel sujet, ni dans n’importe quelles conditions, a-t-il ainsi expliqué dans les Échos. Au contraire, pour les gilets jaunes, il faut y aller carrément. "On est tous solidaires à sortir dans la rue, explique l'un d'eux, Là on peut tous être solidaires du jour au lendemain, aller voter tous nos lois, s'intéresser à la politique. On va écrire notre constitution, tout simplement. On va tout réécrire tous ensemble."
Mouvement de fond
Les quelques coups de pouce annoncés pour le pouvoir d'achat, sont jugés insuffisants : le mouvement des gilets jaunes ne se limite pas à des revendications économiques, expliquent-ils. "C'est un phénomène vraiment de fond. Les gens se repolitisent, posent des questions, ils ont des revendications qui commencent à se structurer. C'est quelque chose qui ne va pas s'essouffler", se réjouit l'un des gilets jaunes présent sur le rond-point de Villabé.
Dans ce petit groupe, il y a un ingénieur, un menuisier, un étudiant en master et un informaticien. Tous veulent avoir voix au chapitre et réclament un nouveau cadre politique. "Tous les députés qui sont payés des milliers d'euros à être sur leur téléphone et à dormir dans les parlements, et qui vont voter des lois à 50 alors qu'ils sont censés être 600 et nous représenter... tout ça, on n'en veut plus ! Tant que le gouvernement ne nous prendra pas au sérieux, nous continuerons à nous mobiliser."
Le petit groupe promet de se rassembler samedi 22 décembre sur ce même rond-point, bien qu'au soir de l'acte V samedi 15 décembre, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner ait appelé les gilets jaunes à "libérer" les ronds-points. Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale et proche d'Emmanuel Macron, n'exclut pas l'envoi de "CRS ou de gendarmes à la campagne" pour "libérer l'espace public".
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