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Info franceinfo La députée LREM du Jura menacée par un syndicat d'artisans pour qu'elle change son vote sur le gazole non routier

Dans cette lettre, que franceinfo s'est procuré vendredi, l'auteur menace "d'utiliser tous les moyens possibles pour obtenir gain de cause". Un document qui aurait été écrit sous la contrainte des "gilets jaunes", selon le président national de la Capeb.

Article rédigé par franceinfo, Yannick Falt - édité par Edouard Marguier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La députée LREM du Jura, Danielle Brulebois à l'Assemblée nationale, le 13 novembre 2018. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Dans une lettre que franceinfo s'est procurée vendredi 23 novembre, le président de la Capeb du Jura (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), François Jouvenceau, accuse la députée LREM Danielle Brulebois d'une "mise à mort" des entreprises du bâtiment, parce qu'elle a voté à l'Assemblée nationale la suppression d'une réduction de taxe sur le gazole non routier. 

Sur franceinfo, la direction nationale de la Capeb dit condamner cette initiative mais, dans le même temps, pointe la responsabilité des "gilets jaunes". Selon lui, certains manifestants se seraient montrés agressifs envers des membres de la Capeb du Jura, et ceci aurait poussé le responsable local de l'organisation à envoyer cette lettre.

Dans cet écrit, le dirigeant syndical somme l'élue de promettre de voter contre cet article du projet de loi de finances en deuxième lecture. Si Danielle Brulebois ne s'y plie pas "dans les prochains jours", alors il menace "d'utiliser tous les moyens possibles pour obtenir gain de cause".

Si vous votiez en seconde lecture à nouveau cet article, vous seriez directement responsable de cette mise à mort.

François Jouvenceau, président de la Capeb du Jura

dans la lettre écrite à la députée

François Jouvenceau demande clairement à Danielle Brulebois de modifier son vote, sous peine de représailles : "Nous vous demandons de nous confirmer solennellement dans les prochains jours que vous ne voterez pas cet article. [...] En l’absence de cette confirmation et devant le danger de survie de nos entreprises, vous comprendrez que notre organisation devra utiliser tous les moyens possibles pour obtenir gain de cause." Contactée par franceinfo, Danielle Brulebois n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat, évoquant "le contexte" actuel dans lequel les parlementaires sont régulièrement "mis en cause"

"Sous la menace" des "gilets jaunes"

Le président national de la Capeb, Patrick Liébus, déclare sur franceinfo "condamner" cette initiative. "On ne peut pas admettre cette façon d’écrire, et de s’adresser à un élu de la République et à qui que ce soit", dit-il et précise que l'auteur de la lettre a présenté ses excuses à l'intéressée.

Mais, il affirme que la première lettre a été rédigée "sous la menace" de "gilets jaunes".  Il raconte que ses collègues de la Capeb ont été menacés sur le lieu de notre organisation. "Ils ont été menacés une fois par les 'gilets jaunes' sur la route car nos véhicules portent le logos de la fédération, dit-il. Ensuite ils sont venus à la Capeb et ont menacé le secrétaire général en se prenant personnellement à lui et au président."

Là, il y a eu un mouvement de panique. Ils ont pris peur et ont rédigé une lettre qui ne correspond en rien à ce qu’est notre organisation.

Patrick Liébus, président de la Capeb

à franceinfo

La pression est telle, selon lui, qu’un collaborateur a demandé un droit de retrait. "Les gilets jaunes deviennent menaçants, ils menacent y compris les organisations professionnelles parce qu’ils ont une autre façon d’aborder les choses et ils ne l’acceptent pas", a-t-il ajouté.

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