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"Gilets jaunes" : le débat national doit "mettre à plat l'ensemble des sujets majeurs", y compris celui de l'immigration, prévient Benjamin Cauchy

Le fondateur des "gilets jaunes libres", Benjamin Cauchy, a prévenu sur franceinfo mardi que si le sujet de l'immigration n'était pas débattu au sein du "grand débat" promis par le gouvernement, il refuserait de participer à la concertation nationale.

Article rédigé par franceinfo
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Benjamin Cauchy, porte-parole des "gilets jaunes libres", le 21 novembre 2018, à Toulouse. (PASCAL PAVANI / AFP)

Benjamin Cauchy, porte-parole des "gilets jaunes libres" a estimé mardi 18 décembre sur franceinfo que le "grand débat" né du mouvement des "gilets jaunes" doit "mettre à plat l'ensemble des sujets majeurs" y compris celui de l'immigration qui est, selon lui, un "sujet majeur qui cristallise la France depuis plusieurs années". Benjamin Cauchy refuserait de participer à la concertation nationale si ce n'était pas le cas.

franceinfo : Quels sujets souhaitez-vous aborder à l'occasion du débat national qui aura lieu entre janvier et mars ?

Benjamin Cauchy : Nous souhaitons qu'elle aborde les sujets majeurs que les Français ont soulevés depuis plusieurs semaines. Il faut qu'il y ait une meilleure répartition des richesses. Pour cela, il faut que ce débat national puisse mettre sur la table des états généraux de la fiscalité pour un impôt plus juste et plus équitable. Nous attendons de ce débat national qu'il mette véritablement en avant la juste répartition des richesses par des augmentations des salaires et non pas par ce cosmétique et cet enfumage politique que le président Macron nous a proposé lundi dernier.

Un débat national avec la participation des "gilets jaunes" ?

La participation des "gilets jaunes", mais pas seulement. Avec les corps intermédiaires qui ont été bâillonnés depuis un an et demi par le président de la République, avec également les partis politiques, les associations, les ONG qui vivent au quotidien le mal-être des Français. Il faut que cette consultation nationale puisse mettre à plat l'ensemble des sujets majeurs (...) Ce débat national doit tout remettre sur la table.

La commission nationale du débat public, chargée de mettre sur pied la "grande concertation" a sermonné l’exécutif pour rappeler ainsi son indépendance. Cela vous inquiète ?

C'est de bon augure, car il ne faut aucun tabou. Les Français ne veulent pas un carré de chocolat, mais une tablette au complet. Il faut absolument que le pouvoir exécutif ne bâillonne pas ce débat national. Il faut qu'il n'occulte pas de sujets. Il faut mettre tout sur la table y compris les flux migratoires et l'immigration (...). Nous sommes à six mois des élections européennes, il faut absolument que ce sujet majeur qui cristallise la France depuis plusieurs années soit également mis sur la table. C'est un sujet fondamental. Quand vous allez sur les ronds-points, sur les barrages, quand vous échangez avec les Français dans votre entourage, vous comprenez bien que c'est un sujet de cristallisation et de scission de la société française.

Si l'immigration n'est pas abordée, vous n'y participerez pas ?

Absolument.

Est-ce que cette consultation doit aboutir à un référendum d'initiative citoyenne ?

C'est la moindre des choses. Les Français ont aspiré à plus de démocratie. Elle doit passer de deux manières désormais. La démocratie représentative avec les élections législatives a eu lieu en juin 2017. Nous attendons une modification constitutionnelle pour que la proportionnelle arrive enfin sur la table pour les élections législatives, mais aussi la démocratie directe et le référendum d'initiative citoyenne en ait un excellent moyen.

Faut-il mettre fin aux barrages ?

Les Français vont s'autodéterminer. Personne n'a le leadership des "gilets jaunes" et moi le premier. Les gens vont se déterminer. Ils vont décider entre eux. Les ronds-points, au-delà d'être des lieux symboliques, sont devenus de nouveaux points de lien social. C'est ce qui a manqué dans le pays depuis de nombreuses années. Le lien social, cela ne se commande pas du jour au lendemain. Les gens se sont rencontrés, ont échangé ensemble. Il faut peut-être déplacer ces rencontres et ce lien social dans d'autres lieux.

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