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En se retirant rapidement, Chantal Jouanno "permet au débat de se dérouler dans les meilleures conditions"

Alors que Chantal Jouanno a annoncé mardi après la polémique autour de son salaire de se retirer du pilotage du grand débat national pour mettre fin à la crise des "gilets jaunes", le président de l'Association des maires ruraux de France, Vanik Berberian, salue mercredi la célérité de sa réaction.

Article rédigé par franceinfo
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Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le président de l'Association des maires ruraux de France, Vanik Berberian, a salué mercredi matin sur franceinfo la décision de Chantal Jouanno de se retirer du pilotage du grand débat national visant à mettre fin à la crise des "gilets jaunes", en pleine polémique sur le niveau de son salaire de présidente de la commission nationale du débat public (CNDP). Vanik Berberian estime qu'"en se retirant, elle permet au débat de se dérouler dans les meilleures conditions".

franceinfo : Êtes-vous surpris par la vitesse de cette décision de Chantal Jouanno, quelques heures seulement après le début de la polémique sur son salaire ?

Vanik Berberian : Ce qui est important, c'est qu'elle ait pris acte du fait que les conditions n'étaient pas réunies. Sa réaction rapide est plutôt à saluer parce qu'elle souhaite, j'imagine, que ce débat réussisse. Sa présence présentait un problème, en se retirant rapidement, elle permet au débat de se dérouler dans les meilleures conditions, donc c'est plutôt une bonne chose de sa part.

Chantal Jouanno avait rencontré des maires pour expliquer les modalités de ce débat. Son départ ne rend-il pas le débat encore plus flou ?

Effectivement, nous l'avions rencontrée il y a quelques semaines pour comparer les démarches, celle que l'association des maires ruraux a engagée en ouvrant ses mairies et en permettant aux citoyens de venir s'exprimer individuellement. C'est en ce sens que notre démarche est différente de celle du grand débat, puisque là il s'agit justement d'un débat. Nos démarches étaient différentes. Quant aux conditions floues du débat, je crois que ce n'est pas tant les modalités qui elles vont se définir assez rapidement, mais plutôt l'utilité de ce débat et le cadre général qui sera posé et en particulier, qu'est-ce que le gouvernement entend faire du résultat de cette consultation. Le vrai sujet, il est là.

Vous avez un doute sur l'utilité de ce débat ?

À ce moment précis, non, je n'ai pas de doute, je ne fais pas de procès a priori. J'espère que le gouvernement saura tenir compte de ce débat, car la situation l'exige.

Des mairies ont déjà ouvert des cahiers de doléance, ça avait déjà eu lieu en 2017 avec les états généraux de la ruralité: est-ce que cela avait servi à quelque chose ?

Effectivement, en 2017, au moment de la campagne présidentielle et législatives, nous avions organisé sur les territoires des rencontres, des débats, pour essayer de définir ce que pouvait être une nouvelle physionomie de la ruralité. Il en est sorti 150 propositions qui ont été envoyées à l'ensemble des candidats. Ils les ont reçues avec beaucoup de gentillesse, mais ces propositions sont restées dans les tiroirs. Ça pose un problème aujourd'hui, on voit bien que la relation entre la base de la pyramide et le haut est tellement éloignée, qu'on ne se parle plus, qu'on ne se comprend plus, on ne s'écoute plus, et c'est pour cela qu'il y a un gros problème aujourd'hui.

Dans ces doléances, est-ce qu'il y avait des remarques sur le fait que les "élites" étaient beaucoup trop payées ?

Oui, très très clairement. Il y a des remises en cause des modes de vie de nos institutions, et puisqu'il est demandé à tout un chacun de faire des économies, les citoyens attendent que l'Etat donne aussi l'exemple en matière d'économie et c'est vrai que les écarts de salaires, alors que les gens de part et d'autre travaillent de manière soutenue sont des choses qui sont difficiles à accepter. En milieu rural, quand vous avez des gens qui ont des retraites ou des rémunérations autour de 500 euros, on peut comprendre que de le fait de voir que d'autres travaillent avec des montants de rémunération beaucoup plus élevés, ça pose un souci.

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