Casseurs sur les Champs-Élysées : "C’est compliqué de les interpeller sans faire de dommages collatéraux" assure le secrétaire général du Syndicat des commissaires de police
"C’est compliqué non pas de les canaliser mais de les interpeller. Les canaliser, c’est totalement impossible puisqu’ils viennent pour faire des actions violentes ou des démonstrations" explique le secrétaire général du Syndicat des commissaires de police, David Le Bars.
"Ce qui est très difficile, c’est d’assumer la possibilité d'aller chercher [les casseurs] au risque de faire des dommages collatéraux parmi des gens qui n’ont absolument pas vocation à être blessés sur une manifestation, assure, ce samedi sur franceinfo, le secrétaire général du Syndicat des commissaires de police, David Le Bars, alors que la manifestation des "gilets jaunes" sur les Champs-Élysées a été émaillée de heurts et incidents qui ont fait au moins 19 blessés, dont quatre parmi les forces de l'ordre. "Ce n’est pas le souhait, ni des forces de l'ordre ni des manifestants, de rentrer chez soi avec des blessures" souligne le syndicaliste.
franceinfo : c’est la première fois que des mouvements de violences interviennent aussi tôt dans la journée lors d'une manifestation ?
David Le Bars : Oui, sans chercher plus loin de mémoire de terrain - et j'y étais il n’y a encore pas longtemps - voir une manifestation qui prend vite la tournure de violences comme on l’a vu ce matin à partir de 10h30, c’est sans doute inédit. Ça explique aussi qu’il faut faire une différence très nette entre les "gilets jaunes" et les personnes qui sont venues avec sincérité sur un point de manifestation pour revendiquer et des individus qui sont des casseurs, des radicaux, qui sont venus pour commettre des actions violentes contre les biens et les personnes. Il faut vraiment faire la distinction entre ces personnes.
Pourquoi est-ce aussi compliqué de canaliser ces casseurs ?
C’est compliqué non pas de les canaliser mais de les interpeller. Les canaliser, c’est totalement impossible puisqu’ils viennent pour faire des actions violentes ou des démonstrations. Et lorsqu'il s’agit de les interpeller, la difficulté c’est que ces gens ont une forme de technique assez rodée - et c’est là qu’on voit que ce sont des professionnels de la casse et pas des manifestants classiques - ils se mélangent à la foule dès qu’il y a un risque d’être interpellé par les policiers. Ce qui est très difficile, c’est d’assumer la possibilité d'aller les chercher au risque de faire des dommages collatéraux parmi des gens qui n’ont absolument pas vocation à être blessés sur une manifestation, et ce n’est pas le souhait, ni des forces de l'ordre ni des manifestants, de rentrer chez soi avec des blessures.
Peut-on aujourd'hui retenir la thèse de militants d’ultradroite infiltrés dans la manifestation ?
C’est une des thèses mais les services de renseignement avaient été assez clairs : il y avait des probabilités que des gens de l’ultradroite mais également de l’ultragauche viennent sur le point de manifestation. Pour les policiers et les gendarmes engagés, que vous ayez en face de vous de l’ultradroite ou de l’ultragauche, ça n’est pas le sujet. Ils ont en face d’eux des gens casqués, cagoulés, ils sont venus avec des lunettes de ski ou de piscine, des masques à gaz, des moyens de protection. Ils sont venus pour casser et la difficulté, c’est de traiter ces gens-là à la bonne mesure, sans faire de dommages collatéraux. Dans la mesure du possible, s’il est possible d’en interpeller certains, ça permettra après de voir d’où ils sont issus et quelles étaient leurs motivations. Mais si la polémique venait à arriver sur le manque de forces de l’ordre, il ne faut pas oublier qu’il y avait des manifestations partout en France et qu’il ne fallait pas non plus enlever de la police ou de la gendarmerie sur les autres territoires. En fonction des études qui seront faites a posteriori, il y aura le temps de l'enquête pour essayer d’identifier ces individus.
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