Cet article date de plus de trois ans.

14-Juillet : Emmanuel Macron a-t-il fait preuve d'imprudence en se promenant dans le jardin des Tuileries ?

Le président de la République, qui s'est autorisé une sortie avec son épouse près du musée du Louvre, mardi après-midi, a été interpellé par des manifestants, notamment des "gilets jaunes".

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Capture d'écran d'une vidéo sur laquelle des "gilets jaunes" interpellent le chef de l'Etat Emmanuel Macron, le 14 juillet 2020, dans le jardin des Tuileries (Paris). (FACEBOOK)

"Comment le président de la République peut-il prendre de tels risques ?" manque de s'étouffer le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti. Ce n'était "pas très prudent", déplore le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. La promenade d'Emmanuel Macron et son épouse, dans le jardin des Tuileries (Paris), mardi 14 juillet, a fait grincer des dents

La scène a été filmée et diffusée en direct sur la page Facebook "Gilets Jaunes Infos". On y voit le chef de l'Etat être interpellé par un petit groupe de manifestants. "C'était complètement impromptu comme rencontre", assure Richard, l'auteur de la vidéo, qui a accepté de témoigner auprès de franceinfo. "On venait de sortir de la manifestation à Bastille, on a pris le métro un peu au hasard, car on cherchait de l'eau. On s'est arrêtés aux Tuileries en pensant bien trouver des fontaines en libre accès pour remplir nos bouteilles. Et là, qui y avait-il à 200 mètres de nous, sur la droite ? Emmanuel et Brigitte Macron !"

Il n'y avait aucune préméditation de notre côté. A tel point qu'il a fallu quelques secondes avant de comprendre qu'il s'agissait du président et de son épouse.

Richard, "gilet jaune"

à franceinfo

Richard, originaire de Saint-Quentin (Aisne), estime qu'il y avait "une petite trentaine" de personnes autour du chef de l'Etat "au plus fort de l'échange". "A un moment donné, je me suis écarté de quelques mètres tellement j'étais énervé, tellement je ne porte pas ce président dans mon cœur. J'avais peur de faire une connerie, dit aussi ce cariste en recherche d'emploi. D'ailleurs, s'il y avait eu quelqu'un de très agressif, Macron aurait vraiment pu prendre un mauvais coup."

J'ai dit à ses agents de sécurité que je ne ferais pas de mal au président. Enfin si, mais avec mon bulletin de vote en 2022.

Richard, "gilet jaune"

à franceinfo

La rencontre, pendant laquelle on entend à plusieurs reprises les manifestants scander "Macron démission" ou "tu vas virer", finit dans le calme. Richard se dit d'ailleurs prêt à discuter "plus longuement" et "plus posément" avec le chef de l'Etat. Car "je ne lui ai pas tout dit aux Tuileries".

"Il ne s'est jamais dérobé dans ces situations"

Cette situation "pose un vrai problème de sécurité", insiste le président des Républicains, Christian Jacob. Du côté du gouvernement, on n'est pas de cet avis. "Le président de la République peut sortir de l'Elysée, et heureusement, pour aller au contact des Français", a soutenu le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, à l'issue du Conseil des ministres, mercredi. "Il ne s'est jamais dérobé dans ces situations, qui donnent souvent lieu à des encouragements et parfois à des critiques. Je veux insister sur l'ouverture du président au dialogue."

La sécurité du président de la République n'était pas compromise, car il avait des agents autour de lui.

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement

à l'issue du Conseil des ministres

Nous avons interrogé Jean-Pierre Diot, qui a passé quinze ans au Service de protection des hautes personnalités (SPHP), sur la potentielle mise en danger du chef de l'Etat lors de cette sortie aux Tuileries. Il observe "d'une manière générale" que "les libertés prises avec le protocole, comme la séquence de monsieur Macron aux Tuileries, sont de fait très difficiles à gérer". "C'est toujours inquiétant, car les personnels de sécurité n'ont pas eu de temps de préparation, pas eu de temps pour établir une sécurisation totale du secteur", évalue-t-il.

Les personnalités veulent considérer la foule comme un allié, comme quelque chose de positif, quelque chose qui leur veut du bien. C'est vrai dans 90% des cas, mais il en reste 10%... Et ça, elles ont tendance à l'oublier.

Jean-Pierre Diot

à franceinfo

Jean-Pierre Diot, qui est actuellement vice-président de la Fédération française de la protection rapprochée (FFPR), révèle d'ailleurs que "la foule", "c'est la bête noire en termes de protection, car elle est imprévisible." "Ça demande beaucoup d'attention et de surveillance. Il faut tout envisager : la mise en sécurité, l'évacuation…" détaille celui qui a notamment eu à protéger Nicolas Sarkozy, le pape Jean-Paul II et Vladimir Poutine. D'ailleurs, à propos du président russe, Jean-Pierre Diot n'a pas oublié la fois où Vladimir Poutine, en visite à Paris a eu envie de déambuler sur les Champs-Elysées. "Dans ce cas, ton avis ne compte pas. Tu n'as pas le choix, tu t'exécutes, point."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.