Reportage "Ils ont peur de venir" : les touristes chinois boudent encore la France

La ministre déléguée au Tourisme Olivia Grégoire est en visite en Chine pour deux jours afin de rassurer la clientèle chinoise qui, malgré la réouverture des frontières l'année dernière, peine à revenir dans l'Hexagone.
Article rédigé par Thomas Séchier - édité par Lou Bes
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Un guide de touristes chinois explique la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 24 août 2023. (BENOIT DURAND / HANS LUCAS)

Propriétaire de 17 hôtels à Paris et dans sa banlieue, M. Wu confirme que les touristes chinois ont bien déserté la capitale. "On n'a plus de touristes chinois, on les a perdus. Avant le Covid, on avait 10% des clients chinois et maintenant on en a presque 0%". En 2019, avant le Covid, la France avait ainsi accueilli plus de 2 millions de touristes chinois, représentant 3,5 milliards d'euros de dépenses. Les chiffres pour 2023 ne sont pas encore connus, mais la visite de la ministre déléguée au Tourisme Olivia Grégoire, jeudi et vendredi en Chine, a pour objectif d'inciter les Chinois à revenir sur le sol français. 

La clientèle de M. Wu, la classe moyenne chinoise, est en effet touchée de plein fouet par la crise économique que vit la Chine actuellement. "La classe moyenne chinoise a perdu un certain pouvoir d'achat et on sait très bien que ce sont les gens de classe moyenne qui voyagent en Europe. Ces gens-là, aujourd'hui, économiquement, ils sont affaiblis", dit-il. À cela s'ajoutent les difficultés pour obtenir un visa ou la baisse du nombre de vols entre la France et la Chine. Air France a en effet réduit de moitié ses liaisons et les vols sont rallongés de deux heures pour éviter le survol de la Russie. Les prix se sont donc envolés.

Un sentiment d'insécurité

Enfin, une autre raison : l'image de la France s'est dégradée ces dernières années. "Même les Français pensent que chez eux, ils ne sont pas en sécurité. Donc les Chinois ont ressenti ça et ils ont peur de venir", précise le patron d'hôtel. Un constat partagé par Frank Delvau, le président de l'Union des métiers de l'Hôtellerie et de la Restauration Île-de-France (UMIH). Selon lui, le plus pénalisant pour l'économie reste l'absence des touristes les plus fortunés venus de Chine.

"La population chinoise que l'on vise à Paris, c'est la frange haut de gamme : ceux qui font les Grands magasins sur les Champs-Élysées et qui vont dans les palaces et les grands restaurants. Ils veulent voyager 'safe' comme on dit."

Frank Delvau, président de l'UMIH

à franceinfo

"Les émeutes, les alertes sur les punaises de lit qui n'avaient pas lieu d'être, ou encore les évacuations du château de Versailles. Tout ça n'est pas bon pour eux, ça ne les rassure pas", ajoute le président de l'UMIH. Un faible nombre de touristes chinois qui n'empêche pas Paris et sa région d'avoir réalisé une excellente année 2023, d'après Franck Delvau. La barre des 45 millions de touristes devrait être dépassée pour se rapprocher du record de 2019.

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