"C’est comme si on repartait de zéro" : le retour des touristes chinois en France va se faire attendre

Article rédigé par Sébastien Berriot
Radio France
Publié
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En tenant le drapeau chinois, une touriste chinoise visitant la France   prend une photo depuis la Tour Eiffel, le 02 septembre 2004 à Paris. (DANIEL JANIN / AFP)
Depuis le 15 mars, la Chine a autorisé la reprise des voyages organisés vers la France. Mais le retour des touristes va prendre du temps. Après trois années sans travailler, les agences ne sont pas encore prêtes. Certaines évoquent aussi des difficultés pour les visas.

Les professionnels du tourisme en France vont devoir encore patienter quelque temps, avant de revoir les quelque deux millions de touristes chinois qui venaient chaque année visiter l’Hexagone avant l’épidémie. Depuis le 15 mars, la Chine a autorisé la reprise des voyages organisés vers une quarantaine de pays, dont la France. Ces voyages en groupe, c’est le moyen utilisé par la plupart des Chinois pour faire du tourisme à l’étranger, mais la reprise s’annonce très lente. L’énorme filière des voyages organisés s’est totalement arrêtée pendant les trois années de covid et elle a du mal à se remettre en route.

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Dans les locaux de TLS Contact à Pékin, l’entreprise qui reçoit les demandes de visas pour le compte de l’Ambassade de France, nous rencontrons une Pékinoise de 28 ans venue se renseigner pour faire son visa. Elle attendait avec beaucoup d’impatience la reprise des voyages en groupe. "Les trois dernières années d'épidémie ont rendu tout le monde nerveux, explique-t-elle. Je veux voyager pour me détendre. J'ai besoin d'une pause relativement longue. J’adore le sud de la France, je veux rester un mois et aller dans une ou deux villes. J'ai hâte de faire ce voyage. Enfin, je vais pouvoir sortir pour m’amuser."

"On doit embaucher du personnel"

Mais tout n’est pas aussi simple. La filière des voyages organisés, une véritable industrie en Chine, est à reconstruire. Pendant les trois années de Covid et de fermeture des frontières, beaucoup d’agences ont fermé ou perdu leur personnel. La reprise des activités ne se fera pas en quelques jours. "C’est comme si on repartait de zéro", explique He Ming directeur d’une agence de tourisme qui vient de reprendre le travail. "C'est une excellente nouvelle cette reprise, car l'épidémie a porté un coup dur à notre industrie touristique. Nous ici, on doit embaucher du personnel, car nos anciens employés ont changé le métier depuis l’épidémie. Nous sommes très occupés. Nous devons aussi reprendre contact et fixer les prix avec nos partenaires en France, hôtels, restaurants, bus, salles de spectacle. La reprise complète ne pourra pas se faire cette année."

Et si le gouvernement chinois a autorisé la reprise de ces voyages organisés, d’autres barrières demeurent, affirme Zhang Fangrui qui dirige une autre agence : "De nombreux vols n'ont pas encore repris. Les rendez-vous pour les visas sont tous très tardifs et il y a un taux de refus très élevé", précise-t-il.

Sur les visas, après trois années presque sans activité, le prestataire de l’ambassade de France TLS Contact lui aussi a besoin de temps pour se remettre en route. Les démarches sont plus longues. Deux agences de voyages nous expliquent par ailleurs que, dans le cas de la France, depuis que les voyages en individuel ont repris en janvier, le taux de refus des visas touristiques est beaucoup plus élevé qu’avant l’épidémie. Sollicitée par franceinfo, l’Ambassade de France, elle, assure que ce taux n’a pas augmenté de façon significative.

TLS contact est le prestataire de l’ambassade de France pour les visas à Pékin. (SEBASTIEN BERRIOT / RADIO FRANCE)

Selon les chiffres officiels qui cumulent les données de tous les consulats français en Chine (hors Hong Kong), le taux de refus de visas était de 5,3% en 2018 (tous types de visas) et 5,6% en 2019. En janvier dernier, il est passé à 6% et 6,8% en février. Lors d’une visite, ce mercredi dans les locaux de TLS Contact, l’ambassadeur de France en Chine Bertrand Lortholary a assuré dans un tweet que "l’Ambassade faisait tout son possible pour répondre à la hausse continue des demandes de visas."

 

"On ne va pas retrouver rapidement le même niveau de réservation"

Li Ran, lui, est guide depuis plus de 20 ans, spécialisé dans les voyages de groupe. Ce qui l’inquiète, c’est le niveau des prix qui risque de freiner le retour massif des touristes chinois en Europe. "Avec l’impact de l’épidémie, les voyages en particulier vers l'Europe, coûtent vraiment plus chers, glisse-t-il. Les Chinois n'ont pas beaucoup d'argent en réserve pour les voyages, et je ne suis donc pas très optimiste. On ne va pas retrouver rapidement le même niveau de réservation par rapport à avant l’épidémie."

Le prix d’un voyage organisé de dix jours en France a explosé. C’était environ l’équivalent de 2 400 euros avant l’épidémie. Aujourd’hui, les touristes chinois doivent débourser près de 5 000 euros.

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