: Vidéo Procès en appel pour harcèlement moral à France Télécom : la CFE-CGC Orange espère une "confirmation" de la "condamnation extrêmement sévère" des anciens dirigeants
Plus de deux ans après leur condamnation inédite pour harcèlement moral à la suite d'une série de suicides de salariés, le procès en appel d'anciens dirigeants de France Télécom s’ouvre mercredi à Paris.
"Ce qui a été démontré en première instance ce sont les méthodes brutales assumées", a expliqué mercredi 11 mai sur franceinfo Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC chez Orange, premier syndicat du groupe. Le procès en appel d'anciens dirigeants de France Télécom s’ouvre mercredi à Paris plus de deux ans après leur condamnation inédite pour harcèlement moral à la suite d'une série de suicides de salariés. En première instance, l'ex-PDG Didier Lombard et l'ancien numéro 2 Louis-Pierre Wenès avaient été condamnés à un an de prison dont huit mois avec sursis, et 15 000 euros d'amende.
franceinfo : Qu'attendez-vous de ce procès ?
Sébastien Crozier : A l'évidence, cette crise sociale et les suicides qui l'ont accompagnée restent un moment extrêmement douloureux pour l'entreprise et les personnels qui y étaient et y sont encore. Ce qui est attendu, c'est la confirmation des décisions de première instance bien que l'entreprise et le DRH de l'époque ont décidé de ne pas faire appel. Ils ont reconnu leur culpabilité dans ce harcèlement moral généralisé que la direction de l'époque avait organisé.
Pensez-vous que leur reconnaissance de responsabilité va jouer en leur faveur en appel ?
La responsabilité morale de l'ensemble des dirigeants de l'époque était déjà avérée. Elle a été naturellement confirmée par le jugement de première instance. Le fait qu'ils la reconnaissent a été naturellement une bonne chose, à la fois pour permettre la reconstruction du climat social et pour permettre aux personnels de tourner la page. Donc, naturellement cela pèsera lourd. Ce qui est certain c'est qu'il y a eu un avant et un après chez France Télécom. Ce qui a été démontré en première instance ce sont les méthodes brutales assumées, la fameuse courbe du deuil était quelque chose d'organisée, de planifiée avec cynisme et préméditation. C'est l'une des choses que le tribunal avait relevées et c'était l'un des motifs de la condamnation extrêmement sévère.
La froideur de Didier Lombard, le PDG de l'époque avait choqué, notamment quand il avait parlé de mettre un terme à "la mode" des suicides. Ce procès est-il aussi celui de la brutalité du management dans l'entreprise ?
La violence sociale n'est pas une méthode de management et je crois que ce qui est arrivé à France Télécom a durablement marqué l'histoire de notre pays. Cela a fait prendre conscience aux dirigeants que la performance économique d'une entreprise c'est d'abord la performance sociale et donc on ne peut pas traiter les personnels de façon sauvage. France Télécom a été un exemple malheureux. On voit comment des méthodes de management peuvent amener des gens à commettre l'irréparable. C'est un exemple dramatique et le travail que nous avons accompli pour dénoncer ces faits a sans doute permis de sauver des vies.
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