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Sophie Binet, élue à la tête de la CGT, "un choix de compromis" et "d'ouverture", selon le spécialiste des syndicats Pierre Rouxel

Sophie Binet est un choix intéressant "parce qu'on peut s'attendre à ce que des combats revendicatifs, comme l'égalité salariale, la question des violences sexistes et sexuelles, soient des combats qui soient plus largement portés que ce qu'ils étaient jusqu'à présent à la CGT", estime Pierre Rouxel.
Article rédigé par franceinfo
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Sophie Binet, la nouvelle secrétaire générale de la CGT. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / MAXPPP)

Sophie Binet, responsable de la Fédération des cadres (Ugict), a été élue secrétaire générale de la CGT, vendredi 31 mars. Première femme à diriger l'organisation syndicale, elle succédera à Philippe Martinez. "C'est un choix de compromis" et "d'ouverture", explique Pierre Rouxel, maître de conférences en sciences politiques et spécialiste du syndicalisme, invité vendredi sur franceinfo. C'est "une figure qui n'est pas comptable du bilan de Philippe Martinez" et qui "est en capacité de trouver des terrains d'entente avec des fédérations plus dures", résume le spécialiste.

franceinfo : Sophie Binet, c'est un peu la surprise du chef ?

Pierre Rouxel : Son nom n'a pas beaucoup circulé dans les médias ces derniers jours, mais c'est un choix notable à deux égards. D'une part, c'est un choix qui est historique, parce que c'est la première femme à diriger cette organisation. C'est symboliquement très fort, ça traduit une montée en puissance des questions de genre et de féminisme à la CGT. D'autre part, c'est un choix de compromis, qui permet de résoudre les tensions internes à l'organisation, ou du moins les oppositions à la direction sortante de Philippe Martinez.

C'est la bonne personne pour répondre également à la ligne dite "plus radicale" qu'incarnait la candidature de Céline Verzeletti ?

Sophie Binet incarne à la fois un renouvellement de l'organisation, une ouverture, et c'est une figure qui n'est pas comptable du bilan de Philippe Martinez. Elle est en capacité de nouer des alliances, de trouver des terrains d'entente avec des fédérations plus dures. De ce point de vue, la présence au nouveau bureau confédéral des dirigeants de la fédération des cheminots ou de l'énergie, Laurent Brun ou Sébastien Ménesplier, traduit cette idée de compromis.

Sur le front des retraites, est-ce que la ligne de Sophie Binet va différer de celle de Philippe Martinez ?

Le fait que la voix du compromis a triomphé rend peu probable à court terme toute sorte de fracturation de l'intersyndicale. Toutes les organisations syndicales, et la CGT au premier rang, ont bien conscience que ce qui fait la force du mouvement social en cours c'est son cadre unitaire. Le coût de sortie de ce cadre unitaire est très fort, aussi bien pour la CGT que pour la CFDT. À court terme, dans les jours et semaines à venir, il est donc peu probable que la ligne de la CGT diffère fondamentalement sur cette question des retraites de celle de Philippe Martinez jusqu'à présent.

Quelles vont être les premières missions de Sophie Binet ?

Au-delà de la gestion très directe du conflit des retraites, qui est au cœur de l'actualité sociale et politique, il y a un enjeu de rassemblement de la CGT. Il faut aussi avoir en tête qu'elle est la dirigeante de l'Union des ingénieurs et des cadres au sein de la CGT, qui est un secteur professionnel beaucoup moins représenté au sein de l'organisation. Il y a un enjeu autour du développement de la centrale dans ces secteurs-là. Cela peut être une piste à explorer. Enfin, la figure de Sophie Binet est intéressante parce qu'on peut s'attendre à ce que des combats revendicatifs, comme l'égalité salariale, la question des violences sexistes et sexuelles, soient des combats qui soient plus largement portés que ce qu'ils étaient jusqu'à présent à la CGT.

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