Cet article date de plus de six ans.

Paris : deux syndicalistes condamnés à un travail d'intérêt général pour avoir détourné un camion-poubelle

Ils devront effectuer 70 heures de travaux pour avoir récupéré un véhicule de la mairie dont ils voulaient déverser le contenu devant le siège de La République en marche, le 25 mai dernier.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les deux agents avaient été arrêtés avenue de l'Opéra à Paris, le 25 mai 2018. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Deux employés de la Ville de Paris ont été condamnés à 70 heures de travail d'intérêt général, mercredi 18 juillet, après avoir détourné un camion-poubelle dont ils voulaient déverser le contenu devant le siège de La République en marche, à la fin du mois de mai.

Cette peine avait été proposée par le parquet de Paris et acceptée par ces deux syndicalistes dans le cadre d'une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), dite de "plaider coupable". Elle a été homologuée par une juge lors d'une courte audience publique. Si les agents municipaux, condamnés pour "soustraction frauduleuse" de la benne à ordures, n'exécutent pas ces travaux sous 18 mois, ils risquent deux mois de prison ferme. La condamnation ne sera pas inscrite à leur casier judiciaire.

Arrêtés "armes au poing" par la police

Le 25 mai dernier, les deux membres du syndicat CGT-FTDNEEA avaient enjoint un agent conduisant un camion-poubelle dans le 17e arrondissement de Paris de leur laisser son véhicule, qu'ils avaient ensuite conduit jusqu'à la place de l'Opéra. Géolocalisés, ils avaient été arrêtés avant de pouvoir atteindre le siège du parti présidentiel, alors que plus d'une centaine d'éboueurs, énergéticiens, cheminots et égoutiers y pénétraient brièvement pour procéder à des coupures d'eau, de gaz et d'électricité, dans le but de démontrer le caractère indispensable des services publics.

La Ville les avait suspendus de leurs fonctions et Mao Péninou, adjoint en charge de la Propreté, avait déploré cette action et la peur qu'elle avait provoquée, rappelant le "contexte terroriste actuel". Jean-Jacques, 56 ans, et Christian, 58 ans, deux fonctionnaires aux excellents états de service, ont expliqué au tribunal n'avoir pensé qu'à "l'action syndicale" et ne pas avoir réalisé sur le moment que leur action susciterait la crainte d'un attentat. La police les avait arrêtés "armes au poing", a rappelé la juge.

Un conseil de discipline en septembre

Chacun des deux syndicalistes devra payer 1 euro symbolique à la Ville de Paris en réparation de son préjudice d'image, et 500 euros pour les frais de justice. A la sortie, les deux hommes, qui craignaient une peine de prison avec sursis, se sont dit "soulagé" pour l'un, et "satisfait, mais dans l'attente du conseil de discipline" qui doit se tenir en septembre pour l'autre. Ils risquent la radiation.

A l'appel de la CGT, une centaine de personnes se sont rassemblées à la mi-journée devant le tribunal pour soutenir les deux hommes. "Après cette décision de justice au caractère mesuré, il serait incompréhensible que sur le plan disciplinaire, la Ville de Paris fasse le choix de la politique du pire en révoquant nos camarades ou en les mettant à la retraite d'office", ont réagi dans un communiqué la fédération CGT des services publics et la CGT-FTDNEEA. Les syndicats appellent à faire "grandir la campagne de soutien" en leur faveur. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.