Retraites : retour vers le futur ?
Alors qu'à gauche les candidats prônent un retour à la retraite à 60 ans, à droite on accuse l'opposition de démagogie et d'immaturité face aux problèmes.
C'était la première promesse claire du clan socialiste. Dès l'automne 2010, le PS annonçait qu'en cas de victoire de son candidat en 2012, il reviendrait sur la réforme des retraites avec une mesure claire : le retour à l'âge légal de départ en retraite à 60 ans.
Une proposition que l'on retrouve aujourd'hui dans le projet officiel du PS pour 2012. Elle s'accompagnerait d'une mise à contribution des revenus du capital, d'une réforme de la prise en compte de la pénibilité et d'une revalorisation des petites retraites.
Si seul Manuel Valls s'est désolidarisé de la perspective d'un retour à un départ à 60 ans, la plupart des candidats et formations d'opposition reprennent ces mêmes arguments. Le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon y ajoute une proposition d'indexation des retraites sur les salaires ou encore un calcul des pensions sur les 10 meilleures années au lieu des 25 meilleures années.
Le Front national, lui, propose de revenir à un plafond de 40 annuités sans considération d'âge légal de la retraite.
La « méthode en 3D » du PS
« Irréaliste » rétorque depuis plusieurs mois l'UMP. Principale cible du parti présidentiel, le PS est accusé de faire dans « la surenchère démagogique ». Arnaud Robinet, secrétaire national de l'UMP chargé des retraites, dénonce sa « méthode en 3D » : « Le Parti socialiste n'est pas en mesure de gouverner la France. Il prétend relever les défis de la société moderne avec une méthode en 3 D qui a déjà coûté cher: la Démagogie, le Déni de réalité face à la situation financière de notre protection sociale et enfin, la Démission devant l'urgence. »
La majorité défend ici bec et ongle l'une des réformes phares du quinquennat de Nicolas Sarkozy : l'allongement, en 2012, de la durée de cotisation à 41 annuités, avec un âge légal de départ à 62 ans pour les générations nés après 1956, et 67 ans pour une retraite sans décote.
Pour l'UMP, cette mesure était d'abord nécessaire et Nicolas Sarkozy a été le seul Président de la République à oser affronter un obstacle que ses prédécesseurs avaient longtemps esquivé. Ensuite, et c'est la raison qui revient le plus souvent chez les membres de la majorité, les autres pays européens sont sur la même voie ; Xavier Bertrand, ministre du travail, insiste sur « la retraite à 67 ans en Allemagne et 65 ans en Espagne. »
« Double-Peine »
Mais pour l'opposition, c'est au contraire « l'un des régimes les plus durs d'Europe ». Car selon Marisol Touraine, député en charge de la protection sociale au PS, la réforme impose en même temps « relèvement de l'âge légal de départ et allongement de la durée de cotisations. »
Des critiques amplifiées à l'été 2011, un mois après la fin officielle de la retraite à 60 ans. Le 2 août, le gouvernement a entériné un décret portant à 41,5 ans la durée de cotisation pour les générations nées à partir de 1955. Une évolution « logique » et « nécessaire » selon Xavier Bertrand. Pourtant en juin 2010, le gouvernement ne prévoyait ce passage à 166 trimestres que pour 2020.
Une nouvelle fois, le PS est évidemment en première ligne. Pour Martine Aubry, c'est une « injustice de plus » pour « une réforme inefficace ». Arnaud Montebourg s'insurge lui contre une réforme « qui repose sur les seules épaules de ceux qui n'ont que leur travail pour vivre. »
Selon Eva Joly, c'est « une double-peine, et une approche comptable vouée à l'échec », « une mise à sac des retraites suicidaire » argue le PCF. Pour le Modem, « le gouvernement n'a pas dit la vérité aux français », preuve que cette réforme n'est « ni financée, ni juste ».
Le parti de François Bayrou qui ajoute que « le thème de la retraite sera au centre des débats de la présidentielle en 2012. »
Au vu des enjeux, des inquiétudes et des positions, plus qu'une prédiction, c'est une certitude.
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