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Promulgation de la loi sur les retraites : les syndicats dénoncent "une décision totalement honteuse" et de "l'entêtement"

La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a notamment critiqué samedi sur franceinfo l'attitude du président de la République, qui a promulgué la loi sur les retraites "dans le dos des travailleurs et des travailleuses".
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Lors de la manifestation parisienne contre la réforme des retraites le 13 avril 2023. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"C'est une décision totalement honteuse", a fustigé d'emblée Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, samedi 15 avril sur franceinfo. Emmanuel Macron a promulgué la réforme des retraites au Journal officiel dans la nuit de vendredi à samedi, et cet acte juge la patronne d'un des premiers syndicats de France, relève du "mépris" : "La preuve, il la prend en pleine nuit, dans le dos des travailleurs et des travailleuses".

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"Cela confirme le violent mépris du président pour la population et les organisations syndicales", précise Sophie Binet. Elle a rappelé que l'intersyndicale, vendredi soir, avait "solennellement appelé Emmanuel Macron à tirer les leçons de la censure du Conseil constitutionnel et à ne pas promulguer la loi".

Pour Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO, chargé des retraites, le président de la République a fait preuve de "précipitation" : "Il nous avait dit qu'il allait le faire dans les 48 heures. Nous, nous souhaitions qu'il prenne le temps des 15 jours que lui accorde la Constitution pour promulguer la loi ou pas d'ailleurs". Pour le syndicaliste, le président a choisi ce tempo "par entêtement".

Emmanuel Macron "nous claque la porte au nez"

Un sentiment partagé par Laurent Berger.  Le secrétaire général de la CFDT explique dans un tweet que "la sagesse démocratique exigeait de ne pas la promulguer et de renouer le dialogue. Depuis le début, le mépris renvoyé aux travailleurs aura été constant".

"Emmanuel Macron, depuis trois mois, fait comme si le mouvement social n'existait pas", déplore François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC, samedi sur franceinfo. "On sent un empressement de la part de l'exécutif", une volonté de "passer à autre chose", estime-t-il, "comme si ce mouvement, ce rejet massif, n'existaient pas, comme si ce mur dans lequel il fonce à 130 km/h n'existait pas".

"Que l'exécutif aille vite, pourquoi pas, quand c'est nécessaire, mais sur un sujet comme celui-là, c'est exactement l'inverse qu'il fallait faire. Il fallait prendre son temps. Il n'y avait pas d'urgence."

François Hommeril, président confédéral de la CFE-CGC

à franceinfo

"C'est scandaleux de promulguer la loi en l'état et de ne pas saisir la main tendue des syndicats qui en appelaient à la sagesse du président", poursuit sur franceinfo Sophie Binet. Emmanuel Macron "nous claque la porte au nez", regrette .

"Promulguer une loi est une chose, l'appliquer en est une autre"

La secrétaire générale de la CGT assure qu'une promulgation plus tardive de la loi "aurait permis d'avoir un dialogue avec les organisations syndicales avant" et de "regarder s'il y a d'autres alternatives que cette réforme des retraites".  L'intersyndicale avait pourtant fait savoir, dès vendredi soir, qu'elle n'acceptera pas l'invitation lancée par Emmanuel Macron, pour un entretien prévu mardi 18 avril. Sans cette promulgation, l'intersyndicale "aurait pu examiner cette demande de rendez-vous", insiste Sophie Binet.

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Pour François Hommeril "promulguer une loi est une chose, l'appliquer en est une autre". Il "continue à appeler le président de la République à ne pas appliquer cette réforme". "C'est, explique-t-il, la condition préalable pour renouer un dialogue constructif, productif, et attaquer les sujets qui sont sur la table". Sans trop y croire, le président confédéral de la CFE-CGC, reste convaincu que "c'est une option disponible", "une option de raison".

"Après, il va y avoir les décrets d'application, explique le secrétaire confédéral FO Michel Beaugas, ce qui nous laisse encore un peu de temps." Il explique que "tant qu'il n'y a pas ces décrets, la loi ne peut pas s'appliquer". Pour le secrétaire confédéral, c'est donc l'occasion de poursuivre la mobilisation : "Nous ne baisserons pas les bras. Nous appelons l'ensemble de la population de ce pays à manifester". Avec en ligne de mire, le 1er mai, "quelque chose de massif pour se faire entendre. Il est encore temps de protester contre cette loi. L'arme du travailleur, c'est la grève".

"Il a promulgué la loi et maintenant, il voudrait qu'on aille rediscuter d'autre chose et bien pour l'instant, pour les organisations syndicales, c'est non. On va avoir du mal à retourner à une table de négociations."

Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO

à franceinfo

Si le Conseil constitutionnel a validé l'essentiel de la réforme, et notamment le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, il a censuré six dispositions, dont les mesures sur l'index senior et le contrat à durée indéterminée (CDI) senior. "Cette censure déséquilibre encore un peu plus le texte, qui était déjà très violent, et confirme l'hypocrisie que nous dénoncions déjà depuis le début", a estimé Sophie Binet. "Non, on ne peut pas travailler jusqu'à 64 ans parce que les entreprises ne veulent plus de salariés de plus de 60 ans, elles les licencient à tour de bras", a réaffirmé la secrétaire générale de la CGT.

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