"J'en ai marre de cette grève" : les commerçants parisiens inquiets
À Paris, se déplacer reste un casse-tête, une semaine après le début de la grève contre la réforme des retraites. Excédés, les commerçants s'inquiètent pour la suite.
Devant le centre commercial Beaugrenelle, situé dans le 15e arrondissement de Paris, une cliente attend à l'arrêt de bus, les bras chargés de paquets. Avec la grève des transports contre la réforme des retraites, ses courses risquent d'être compliquées. "Je pensais qu'il n'y aurait pas trop de monde, mais je ne suis pas sûre de pouvoir monter en bus", avoue-t-elle. "Ça va être un peu tassé, un peu compliqué… Je vais voir, sinon je peux rentrer à pied", se désole-t-elle.
La boutique de Chira, elle, est déserte. Pas de clients à l'horizon. "Moi j'en ai marre de cette grève", s'agace la patronne, qui a mis quatre heures à venir à son travail. Ses vendeuses ? Impossible pour elles de venir à la boutique, car "il n'y a pas de RER ni de transport".
J’ai perdu beaucoup de chiffre d’affaires parce que j’ai plein de gens qui ne peuvent pas se déplacer jusqu’ici. Il faut que ça s’arrête, tout simplement !
Chira, vendeuseà franceinfo
Les rayons des magasins de jouets sont pleins à craquer, la réserve est saturée depuis des semaines pour être sûr de pouvoir fournir le Père Noël en décembre. Mais c'était sans compter avec la grève des transports. "Ce premier week-end de décembre pèse lourd", affirme Philippe Gueydon, directeur général de King Jouet. "Sur cette première semaine, on est avec un léger recul de -5%, donc ce n'est pas catastrophique non plus", tempère-t-il. Selon lui, la solution, c'est d'ouvrir un peu plus tardivement le soir, pour permettre "à ceux qui n'ont pas pu accéder aux magasins la journée de poursuivre leurs emplettes en fin de journée."
Chute de 20 à 30% de la consommation
À Paris, la consommation a chuté de 20 à 30%, mais le plus inquiétant, c'est la suite selon Didier Kling, président de la CCI Paris Île-de-France. Il demande un plan d'urgence, avec un moratoire sur les dettes, un allègement de la TVA et l'exonération de taxes.
Il reste 15 jours, la semaine n’est déjà pas très bien engagée, il ne faudrait pas que des mouvements de grève ou des manifestations interdisent ce rattrapage.
Didier Klingà franceinfo
Selon lui, le mois de décembre "est un mois double pour beaucoup, ça veut dire que beaucoup de commerçants ont fait des achats". S'ils n'arrivent pas à écouler leur stock, ils "seront bien obligés de payer la marchandise alors qu’ils n'auront pas de recette". Cela peut se traduire par des cessations de paiement. "Le travail de ces salariés est mis en péril, donc c’est un grand danger", dénonce-t-il.
En 2018, les manifestations des "gilets jaunes", chaque samedi, ont plombé le chiffre d'affaires des commerçants. Depuis le début du mouvement, ils estiment avoir perdu plus de deux milliards d'euros.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.