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Infographies Visualisez comment le risque de mourir avant et juste après la retraite concerne davantage les classes populaires

Les hommes les plus pauvres sont les plus exposés, selon les données récoltées et analysées par l'économiste Ulysse Lojkine.
Article rédigé par Mathieu Lehot-Couette
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des manifestants marchent dans Paris, le 21 janvier 2023, au cours d'une mobilisation contre la réforme des retraites. (NICOLAS LIPONNE / HANS LUCAS / AFP)

"La retraite, c'est mieux quand on est vivant." Voilà l'imparable évidence que certains slogans reprenaient lors de la manifestation du jeudi 19 janvier contre la réforme du gouvernement. La question de l'espérance de vie, en bonne ou en mauvaise santé, à l'approche de la retraite, se pose à chaque fois qu'un recul de l'âge légal pour faire valoir ses droits est évoqué. 

Pour y voir plus clair, franceinfo s'est référé à l'étude de l'économiste Ulysse Lojkine, publiée en septembre 2022. Ce doctorant à l'école d'Economie de Paris et à l'université Paris-Nanterre, a analysé les données et outils de simulation de France stratégie, institution autonome placée auprès de la Première ministre, ainsi que les chiffres de l'Insee, afin de "décrire le risque de mort avant la retraite et de retraite courte", et ce, en fonction du niveau de vie.

Le risque de mourir avant la retraite reste faible

Il a calculé les probabilités en fonction de la législation actuelle. Résultat : le risque de mourir avant l'âge de la retraite concerne surtout les classes populaires et plus fréquemment les hommes.

Dans le détail, l'étude du chercheur a consisté à tracer la ligne de vie et l'âge probable de départ à la retraite de Français âgés de plus ou moins 50 ans. Son échantillon concerne plus de 3 300 ménages. Les personnes de référence avaient entre 43 et 58 ans au moment de l'enquête réalisée par l'Insee en 2009-2010.

Il en ressort que le risque de ne pas vivre suffisamment longtemps pour atteindre la retraite est plutôt faible. Il s'établit actuellement à 0,5 sur 10, en moyenne, toutes populations confondues. Cependant, cette probabilité cache des différences marquées, selon le sexe et le niveau de vie, comme le montre le graphique ci-dessous.

Ainsi, la probabilité de ne pas vivre suffisamment longtemps pour atteindre l'âge de la retraite grimpe à plus de 1 sur 10 parmi les 20% des hommes les plus pauvres. A l'autre extrémité de l'échelle sociale, ce risque devient quasiment nul pour les 20% les plus riches. Les femmes sont quant à elles moins concernées, mais de fortes inégalités apparaissent selon le niveau de vie.

Les courtes retraites des classes populaires

Si la mort avant l'âge de la retraite reste relativement rare, Ulysse Lojkine constate, en revanche, que les décès dans les dix années qui suivent la sortie de la vie active sont plus fréquents. Ce phénomène concerne un peu moins de deux Français sur dix, selon les calculs de l'économiste. Mais cette moyenne cache, elle aussi, d'importantes disparités. Les classes populaires sont une nouvelle fois les plus touchées, comme l'illustre cet autre graphique.

De fait, le risque s'élève à 3,6 sur 10 pour les 20% des hommes les plus pauvres. Chez les femmes les moins riches, cette probabilité atteint près de 2 sur 10. Ce chiffre descend à 1 sur 10 pour les 20% les plus aisés, quel que soit le sexe.

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