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Grève contre la réforme des retraites : comment sont comptés les manifestants (et comment expliquer les différences entre les chiffres) ?

Nerf de la guerre après une mobilisation, les chiffres du nombre de manifestants selon les syndicats et selon les autorités diffèrent parfois grandement. franceinfo vous explique quelles sont leurs méthodes de comptage.
Article rédigé par franceinfo - Armêl Balogog
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Publié
Temps de lecture : 3min
Lors de la mobilisation contre la réforme des retraites du jeudi 19 janvier, 1,12 million de personnes ont défilé, selon le ministère de l'Intérieur, et plus de 2 millions, selon la CGT. (ALAIN JOCARD / AFP)

Nouvel appel à manifester massivement mardi 31 janvier contre la réforme des retraites. Les syndicats veulent frapper plus fort que la dernière fois. Jeudi 19 janvier, 1,12 million de personnes ont défilé, selon le ministère de l'Intérieur, plus de deux millions, selon la CGT. Toujours les mêmes querelles de chiffres entre les autorités et les syndicats.

>> Mobilisation contre la réforme des retraites : pourquoi est-il si difficile de connaître le nombre précis de grévistes ?

Un décompte le long du cortège et ligne par ligne pour les syndicats

Les syndicats comptent les manifestants manuellement. Des militants se placent le long du cortège et comptent une à une les lignes de manifestants. Ensuite, ils estiment à vue d'œil combien il y a de personnes par ligne, et ils multiplient ces deux nombres. Par exemple, si un cortège fait 1 000 lignes de long, et si les syndicats pensent qu'il y a 20 personnes par ligne, alors ça fait 20 000 manifestants.

Un décompte en hauteur et derrière un point pour les autorités

Du côté des autorités, on compte aussi les manifestants manuellement. La méthode est donc quasiment la même, sauf que les compteurs sont situés en hauteur. À Paris, des fonctionnaires de la préfecture de police sont positionnés dans des appartements, le long de la mobilisation.

Quand elle s'annonce conséquente, il y a deux points de comptage : un dans le premier quart, un autre plus loin dans le cortège. Les policiers comptent les groupes de dix manifestants qui dépassent un point de repère visuel, comme un arbre ou un poteau.

À la fin du défilé, les fonctionnaires comparent leurs relevés, ils gardent le chiffre le plus haut. Pour affiner au plus près son décompte, la préfecture de police de Paris filme toutes les grosses journées de mobilisation. Dès le lendemain, un autre fonctionnaire est chargé de tout recompter.

>> Manifestation contre la réforme des retraites : comment le maintien de l'ordre est-il assuré dans les cortèges ?

Quelle méthode est la plus fiable ?

C'est la question que tout le monde se pose. Une commission a tâché d'y répondre il y a quelques années. En 2014, la préfecture de police de Paris a mandaté trois personnes indépendantes : une directrice d'études, un professeur en sciences politiques et un inspecteur de l'Insee. Cette commission a conclu que la méthode des policiers était "la seule" qui soit "réellement opérationnelle". D'abord, parce que les fonctionnaires sont en hauteur, contrairement aux syndicats, et donc ils perçoivent mieux la densité du cortège. Ils voient s'il y a beaucoup de monde ou s'il est clairsemé. Ensuite, parce que le chiffre est révisé au moins une fois, après la manifestation, avec le comptage vidéo.

Mais leur méthode n'est pas parfaite non plus. Ces dernières années, les cortèges ont un peu changé. Les manifestants se dispersent davantage dans les petites rues adjacentes, ils sont plus difficiles à compter. C'était le cas notamment, pendant les "gilets jaunes". Il est bon de rappeler, donc, que toutes les estimations de participation contiennent toujours une marge d'erreur.

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