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Discours d'Emmanuel Macron le 14 juillet : Force ouvrière attend de l"apaisement" et que le gouvernement ne remette pas "du sel sur la plaie" avec la réforme des retraites

Yves Veyrier, le secrétaire général du syndicat Force ouvrière, indique dimanche sur franceinfo attendre que le gouvernement ne remette pas "du sel sur la plaie" en relançant le projet de réforme des retraites.

Article rédigé par franceinfo
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Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, arrivant au palais de l'Elysée, le 24 juin 2020. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Le secrétaire général du syndicat Force ouvrière (FO) Yves Veyrier déclare dimanche 5 juillet sur franceinfo attendre de "l'apaisement" dans le discours du président de la République Emmanuel Macron le 14 juillet prochain. Surtout, il attend que le gouvernement ne remette pas "du sel sur la plaie" en relançant le projet de réforme des retraites.

franceinfo : Qu'attendez-vous du discours d'Emmanuel Macron le 14 juillet ?

Yves Veyrier : Je ne sais pas, parce qu'on a beaucoup d'expressions du président de la République qui se suivent les unes les autres, alors est-ce que le 14 juillet, ce sera cette fois le plan de relance tant annoncé ou est-ce qu'on attendra le mois de septembre pour y voir plus clair dans ce qu'on appelle plan de relance par rapport à ce qui a été mis en œuvre jusqu'à maintenant, qui était plutôt le soutien à certaines difficultés de reprise de l'économie et qui va durer sans doute des semaines et des mois dans un certain nombre de secteurs d'activité. Ce que j'aimerais entendre de sa part, c'est qu'il revienne sur ce qu'il a dit vendredi et qu'on ne remette pas du sel sur la plaie avec ce dossier des retraites. On n'a pas besoin de ça, donc j'espère que la raison va l'emporter, que l'apaisement va l'emporter, parce qu'aujourd'hui, l'urgence, ce sont les milliers de suppressions d'emplois qui sont annoncées. Nos syndicats sont ultra mobilisés dans les entreprises, dans les secteurs d'activité, l'aéronautique, l'aérien, l'automobile, dans le secteur du tourisme, on sait que cette période va être quand même compliquée et le mois de septembre risque effectivement de montrer beaucoup de fragilité. Donc voilà, j'attends de l'apaisement et qu'on ne revienne pas avec des dossiers qui sont de la nitroglycérine comme celui des retraites.

Si les concertations reprennent sur la réforme des retraites, vous garderez la même ligne ? Aucune concession ?

Moi, je ne change pas de ligne sur le fond. Je rappelle quand même qu'on a eu deux ans et demi de dite concertation, qu'on a eu six mois d'un conflit social sans précédent en termes de durée et d'ampleur, que le gouvernement, à maintes reprises, a dû reporter son agenda et son calendrier parce qu'il était obligé de faire le constat qu'il n'a pas réussi à expliquer, ni même, à fortiori, à convaincre. Moi, ce qui me déplaît dans cette affaire, c'est qu'on est toujours sur le coup du 49-3. J'ai quand même en mémoire cette fracture. Au moment où la crise sanitaire s'emballe et que le gouvernement réunit un conseil des ministres extraordinaire, il en profite pour passer un 49-3. Et là, durant l'été, on va revenir pour essayer de passer en force à nouveau sur les cotisations, sur l'âge.

Le Premier ministre Jean Castex dit vouloir tendre la main aux organisations syndicales. N'est-ce pas un bon point de départ ?

Tendre la main aux organisations syndicales, aux interlocuteurs sociaux, remettre le dialogue social à sa place, c'est-à-dire avec de la considération, ce n'est pas simplement nous réunir pour nous dire ce qui a été décidé, comme on l'a trop souvent vécu ces derniers temps. J'attends de voir. J'ai entendu les paroles du Premier ministre. Il a dit que réexaminer n'est pas se renier, alors ça veut dire quoi ? Ça concerne la ligne du gouvernement sur la réforme des retraites ? Qu'est-ce que veut dire réexaminer sans se renier dans ce cas-là ? Je pense qu'il n'y a pas urgence. C'est vrai que, évidemment, le déficit de recettes qui touche tous les régimes sociaux, qui touche les rentrées fiscales, touche les régimes de retraite et qu'on a tout à coup un déficit subi qui vient des deux mois de confinement et qui va sans doute être difficile à combler dans les semaines et les mois qui viennent, compte tenu de la difficulté de la reprise. Mais ce système de retraites aujourd'hui fonctionne. Il garantit un droit à la retraite à tout un chacun. Et aujourd'hui, l'urgence n'est pas de faire travailler plus longtemps ceux qui on un travail, mais plutôt de faire en sorte que ceux qui n'en ont pas, qui sont devenus plus nombreux avec les ruptures d'intérim, de CDD, etc., les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, ce sont à ceux-là qu'il faut donner un travail et non pas à ceux qui en ont encore un pour leur dire 'travaillez plus longtemps' parce qu'on a besoin de résoudre le problème du déficit.

Croyez-vous au tournant social du gouvernement ?

Moi, je ne crois en rien. Je suis athée, d'une manière générale. Je ne vais pas dire que je suis comme Saint Thomas, mais moi, ce qui m'importe, ce sont les actes. Ce sont les politiques qui vont être mises en œuvre et on va voir ce qu'il en sera. Je constate la volonté d'un habillage plus social avec la nomination de Jean Castex. Il se définit lui-même comme gaulliste social, donc c'est plutôt un peu le vieux monde qui reviendrait, mais dans sa forme moderne. Moi, je ne crois pas que le vieux monde soit derrière nous, soit défait. Je pense que le nouveau monde s'est plutôt fracassé sur les réalités ces jours derniers.

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