« Couacs » : l’affrontement entre la droite et le gouvernement se poursuit au Sénat
Le sénateur LR Philippe Mouiller a interpellé le chef du gouvernement, lors des Questions d’actualité du Sénat, en énumérant les camouflets ou les fausses notes qui ont rythmé l’action de l’exécutif ces derniers jours.
Damien Abad, Bruno Retailleau, Guillaume Peltier, Valérie Boyer ou encore Éric Woerth : les parlementaires LR étaient bien représentés ce mercredi dans les matinales pour dénoncer en chœur « les couacs » ou les « cafouillages » qui sont venus perturber l’action du gouvernement depuis une semaine. Le sénateur Philippe Mouiller est venu à son tour, au nom de la majorité sénatoriale, questionner le gouvernement.
Rejet d’une proposition de loi pour porter à 12 jours le congé d’un parent après la mort d’un enfant, avis critiques du Conseil d’État sur la réforme des retraites ou la circulaire Castaner, propos polémiques de la garde des Sceaux sur l’affaire Mila, ou encore tee-shirt humoristique « LBD 2020 » tenu par Emmanuel Macron à Angoulême : le sénateur des Deux-Sèvres a adressé une série de mauvais points à l’égard de l’exécutif. « La situation de notre pays est grave, les crises sont profondes, et elles tranchent avec les légèretés dont le pouvoir fait preuve », a-t-il dénoncé.
Ce tableau noir n’est pas resté sans réponse de la part d’Édouard Philippe. « Vous dressez un réquisitoire contre l’action du gouvernement en évoquant une série d’éléments, et en prenant soin ou – compte tenu de la limite de temps à laquelle vous êtes soumis – en omettant d’évoquer un certain nombre d’autres indicateurs. »
Sous les exclamations venues des bancs de la droite, Édouard Philippe a remis d’autres poids sur le plateau opposé de la balance. « On aurait pu aussi ajouter la baisse continue du chômage, les excellents chiffres sur l’apprentissage, des éléments qui ne gomment rien de ce que vous venez de dire, mais qui doivent être également évoqués car ils ne me semblent pas moins importants […] Ce qui m’intéresse, et ce qui au fond devrait tous nous intéresser, c’est comment est-ce que nous construisons la France et réparons des choses dont nous savons qu’elles fonctionnent mal depuis longtemps. »
Sur l’affaire Mila, cette adolescente menacée de mort après avoir critiqué l’islam dans une vidéo sur Instagram, Édouard Philippe a ironisé sans le nommer sur le patron du groupe LR à l’Assemblée nationale, Damien Abad. « Vous verrez que les réactions outrées qui ont prévalu aux propos de Mme la garde des Sceaux vont trouver un écho intéressant avec ceux qui ont été tenus par ailleurs », a ciblé le Premier ministre. Le député LR Damien Abad avait déclaré plus tôt sur LCI « Je souhaite la liberté d'expression la plus totale, mais quand elle est détournée pour créer de la haine antireligieuse, alors oui, il y a une barrière à mettre. »
Dans sa réplique, Philippe Mouiller a fait part de son inquiétude sur le manque d’adhésion de l’opinion à l’égard du gouvernement. « La confiance est essentielle. Sans la confiance, vous n’arriverez à rien », a-t-il assené.
Jean-Michel Blanquer défend la réforme du baccalauréat
Céline Brulin a dressé un tableau noir du déroulement des épreuves de contrôle continu (E3C) qui se tiennent actuellement dans le cadre de la réforme du baccalauréat : « Des élèves séquestrés et cadenassés, passés à tabac, poursuivis en justice et des épreuves surveillés par des policiers. Le baccalauréat version nouveau monde donne lieu à des scènes surréalistes. » Pour la sénatrice communiste, « ce naufrage aurait pu être évité en travaillant avec les enseignants, les élèves et leurs familles ».
Jean-Michel Blanquer a contesté ce manque de concertation : « La réforme du baccalauréat a été réalisée sur 18 mois, 40 000 lycéens ont été consultés et le système de contrôle continu est le résultat d’un équilibre entre les positions des différentes organisations syndicales, dont beaucoup sont pour le contrôle continu. » Pour le ministre de l’Education nationale, l’organisation des E3C n’a pas souffert d’un manque de préparation : « En réalité au moment où je vous parle, 1 million de copies ont déjà été réalisées. Où est-ce qu’il y a des problèmes ? Il y a des problèmes là où il y a des gens qui causent des troubles. Vous avez l’air de dire que le problème est que nous n’étions pas préparés. Or le sujet n’est pas celui-là mais est-ce qu’il y a des gens qui viennent bloquer les lycées. »
Jean-Michel Blanquer retourne ainsi l’exercice et questionne la sénatrice communiste : « Est-ce que vous êtes pour le blocage des lycées, il faut que vous répondiez à cette question. Est-ce que vous êtes pour le contrôle continu ? » Face à cette défense, la sénatrice de la Seine-Maritime a accusé le ministre de l’Education nationale d’envenimer la situation : « Votre attitude a conduit à déplacer le conflit au cœur même des établissements. » « Un ministre qui voudrait apaiser la situation tiendrait un tout autre discours. » ajoute-t-elle. « Heureusement sur le terrain, la communauté éducative est bien plus constructive. Dans un lycée de mon département, un accord vient d’être trouvé pour reporter les épreuves afin qu’elles se tiennent dans la sécurité » a rétorqué Céline Brulin à Jean-Michel Blanquer, avant de l’exhorter à « entendre nos concitoyens qui craignent que les réformes du bac et du lycée accroissent les inégalités » et d’enfin conclure : « Il faut entendre la demande d’égalité, de lutte contre les injustices sociales et vous n’avez convaincu personne sur ce plan-là ».
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