Quel avenir pour le véhicule électrique ?
Rien à faire malgré le soutien des pouvoirs publics, les voitures électriques représentent toujours moins de 1% des ventes de voitures neuves. On compte à peine 15.000 véhicules en circulation en France. A Bron, près de Lyon, au sein du Laboratoire transports et environnement, on a voulu savoir pourquoi ce marché ne décolle pas. Les résultats sont surprenants.
"Les individus ne l'envisagent pas comme une alternative. Quand ils décident de changer de voiture, ils ne pensent pas à l'électrique. Ils n'ont aucune idée de son prix. A la limite, ils ne savent même pas que l'habitacle est le même. C'est presque comme si on leur parlait d'une soucoupe volante ", selon la chercheur en psychologie Chrystèle Philipps-Bertin.
Une autre étude est menée dans ce même laboratoire cette fois auprès d'automobilistes qui ont sauté le pas. Ils ont plusieurs choses en commun. Ils habitent dans une maison (plus facile pour recharger la batterie de sa voiture le soir) et ils ont tous 2 voitures : "Ils ont tous un véhicule thermique en plus du véhicule électrique. Ca répond à un besoin de se rassurer ", explique le psychologue Lénaïc Poupon.
Autonomie de la batterie limitée, ça freine les acheteurs potentiels
La batterie aujourd'hui permet de faire environ 150 km en une seule fois. Techniquement, on ne peut pas faire beaucoup mieux, si on ne veut pas qu'elle soit trop lourde et trop volumineuse. Son autonomie et sa durée de vie sont le gros enjeu des scientifiques selon Rochdi Trigui, directeur de recherche au sein du laboratoire de Bron.
"Aujourd'hui c'est la question de recherche par excellence : l'utilisation et le vieillissement de la batterie restent un problème pas complètement cerné parce qu'il y a énormément de paramètres en jeu. Selon que vous utilisez le véhicule d'une manière ou d'une autre, votre batterie va vieillir plus ou moins vite ", explique-t-il. La batterie est ce qui coûte le plus cher dans la voiture électrique : 10.000 euros au bas mot. C'est donc un investissement colossal pour un consommateur qui ne sait pas, aujourd'hui, dans combien de temps il va devoir la changer.
La voiture électrique reste le véhicule le plus propre
C'est incomparable par rapport à une voiture thermique. Tous les tests le montrent selon le chercheur Rochdi Trigui. Dans son laboratoire, il fait passer les voitures une à une sur un banc d'essai : "Le bilan de la voiture électrique est complètement positif. Il reste un véhicule propre en ville car il n'émet pas de polluant et il est nettement moins bruyant qu'un véhicule thermique ".
Les scientifiques ne croient pas au développement massif
Serge Pelissier est le directeur du Laboratoire transports et environnement : "La voiture électrique, à mon avis, ne peut pas remplacer le véhicule thermique. On est habitué à avoir un véhicule qui fait tout, qui nous permet sans prendre de précaution particulière de partir quand on veut où on veut. C'est le même véhicule qui permet de faire 2km le matin pour emmener les enfants à l'école, partir le week-end à 150 km et en vacances de parcourir des milliers de km. C'est souplesse là, je pense qu'il est illusoire de la demander à un véhicule électrique ".
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C'est donc illusoire et pas souhaitable selon les scientifiques qui travaillent sur la voiture électrique. Car d'accord, si elle se développe, cela atténuera un peu la pollution et le bruit dans les grandes agglomérations. Mais s'il y a tout à coup beaucoup de voitures électriques en circulation, cela créera d'autres problèmes majeurs, celui de la consommation et par ricochet celui de la production d'énergie.
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