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PSA Peugeot Citroën est-il vraiment de retour dans la course ?

571 millions d'euros de bénéfices net. C'est le résultat des six derniers mois de l'année du groupe PSA Peugeot Citroën, qu'ont annoncé ce mercredi le PDG du groupe Carlos Tavares et son directeur financier Jean-Baptiste Chatillon. Alors comment interpréter ces bons résultats ? Eléments de réponses avec Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile.
Article rédigé par Leticia Farine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (L'entreprise a dégagé 571 millions de bénéfice net ces six derniers mois et a vu son chiffre d’affaire augmenter de 4.7% par rapport à l’an passé. © Maxppp)

Après avoir passé trois ans au bord du gouffre en accusant les pertes, le groupe PSA Peugeot Citroën a annoncé mercredi un résultat de 571 millions de bénéfices net, pour les six premiers mois de l'année. Ces bons résultats signifient-ils que le constructeur automobile est enfin sorti de la crise ? Invité des Informés de Simon Le Baron, Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, livre aux auditeurs de France Info quelques éléments de réponse. 

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Des facteurs conjoncturels favorables 

Outre la baisse du prix des matières premières, cette reprise peut s'expliquer par une "baisse de l’euro, qui a favorisé notamment ses résultats financiers en Chine ", explique Flavien Neuvy. Pour le spécialiste, les signes de ralentissement dont a fait preuve le marché chinois, tout comme les marchés brésilien et russe, depuis le début de l'année, ont été un véritable moteur pour l'industrie automobile dans le monde. Il faut rappeler, souligne-t-il, que le marché européen avait beaucoup souffert de la crise, en particulier dans des pays d’Europe du Sud comme l’Italie ou l’Espagne.

Le succès du plan "Back In The Race" 

En avril 2014, le nouveau président du directoire de PSA Peugeot Citroën, Carlos Tavares, présente un nouveau plan stratégique de retour à la rentabilité intitulé en interne : "Back in the Race",  soit en français "Retour dans la course" . Malgré ce jeu de mot automobile efficace en terme de communication, l'enjeu majeur du plan était surtout un retour dans le CAC 40 d'ici 2016. Ce retour a tout d'abord été possible par la recapitalisation de l'entreprise par le chinois Dongfeng et l'Etat français, qui a marqué la fin du règne de la famille Peugeot en février 2014.

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L'objectif de "Back in the Race", lui, était clair : "ajuster les coûts de production et réduire le point mort, c'est-à-dire le seuil à partir duquel l’entreprise gagne de l’argent ", affirme notre invité. Plutôt que de miser sur la rentabilité des volumes de ventes, la nouvelle politique mise en place par Tavares s'est illustrée par un accent mis sur la rentabilité des véhicules. Mais "Back in the Race ", c'était surtout un grand plan de restructuration, approuvé en juillet 2013 par la Commission européenne. Entamées par Philippe Varin, le prédécesseur de Carlos Tavares, les restructurations ont permis au groupe de réaliser 550 millions d'euros d'économies sur les achats et les frais généraux. La masse salariale devrait d'ailleurs représenter en 2015, 12,4% du chiffre d'affaires, contre 14,5% en 2013.

Les prochains défis de PSA Peugeot Citroën 

Si le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 4,7% par rapport à l'an passé, Carlos Tavares ne crie pas encore victoire : "Même si nous sommes un peu en avance sur notre plan, nous considérons qu'il faut rester concentrés ", a t-il affirmé lors de la conférence de presse qui s'est déroulée mercredi matin. Alors sur quoi le constructeur automobile doit-il rester concentré ? 

Tout d'abord, le groupe doit garder à l'œil la Chine. Malgré une stabilité des volumes de ventes à 368.000 unités au premier semestre ainsi qu'une progression de deux points en un an de sa marge opérationnelle sur le territoire, PSA Peugeot Citroën "va devoir regarder avec attention l'évolution des ventes " sur son second marché le plus important, où la guerre des prix ne cesse de s'intensifier. 

Ensuite, les efforts sont à poursuivre dans le domaine de l'investissement, pour répondre aux défis technologiques du futur. Comme nous le fait remarquer Flavien Neuvy, "l'industrie automobile est gourmande en capitaux ", dont elle a besoin pour "trouver de nouvelles motorisations et pour préparer l'avenir, notamment la voiture autonome " ou encore une voiture plus écologique, qui consomme moins. 

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La concurrence féroce et la course à la taille critique 

Peut-on alors parler d'exception française de l'automobile face à ces résultats du groupe PSA ? Pour le directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, la réponse est non. Renault parvient également, par exemple, à garder la tête hors de l'eau, notamment grâce à "son alliance avec Nissan qui lui donne une plus grande surface et lui permet d'amortir les contrecoups quand il y en a, sur certaines zones géographiques ", analyse Flavien Neuvy. Malgré la crise, les trois mastodontes de l'automobile, Volkswagen, Toyota et General Motors, continuent chaque année de se battre pour être sacré premier constructeur automobile mondial.

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Entre les défis technologiques du futur et la concurrence féroce, la course à la taille critique se poursuit. Pour les non-initiés par tant de technicité économique, le lexique Bourse & Finance d'Edubourse définit la taille critique comme "la taille qu'une entreprise devra atteindre afin de franchir un palier de compétitivité nécessaire à la survie ou au développement de l'entreprise ". Une course qui ne pourrait donc pas être plus d'actualité et dans laquelle le groupe PSA Peugeot Citroën vient de signer son grand retour, en beauté. 

 

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