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Pouvoir d'achat : les 5% des ménages les plus précaires ont perdu jusqu'à 40 euros par an sous le quinquennat Macron, selon une étude

L'Institut des politiques publiques, un organisme indépendant, a fait les comptes pour mesurer le pouvoir d'achat des Français. Les mesures en faveur du pouvoir d'achat mises en place depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron n'ont pas bénéficé à tous les Français de la même manière.

Article rédigé par Isabelle Raymond - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron visite un supermarché à Saint-Pol-de-Léon (Finistère), le 22 avril 2020. (STEPHANE MAHE / POOL)

Ce sont des chiffres qui viennent écorner le discours sur le pouvoir d'achat du gouvernement et celui d'Emmanuel Macron lors de sa dernière allocution : selon une étude publiée mardi 16 novembre par l'Institut des politiques publiques (IPP), les mesures en faveur du pouvoir d'achat mises en place depuis le début du quinquennat n'ont pas bénéficié à tous les Français de la même manière.

>> Le pouvoir d’achat a-t-il plus augmenté sous le quinquennat d’Emmanuel Macron que sous ceux de ses prédécesseurs ?

Il y a des gagnants et des perdants. Les grands perdants sont les 5% les plus modestes selon les auteurs de l'étude. Ceux qui vivent avec moins de 800 euros par mois : ils ont perdu près de 40 euros par an. "On constate qu'en moyenne, leur niveau de vie stagne, sachant qu'on a des individus en situation de grande pauvreté, de grande précarité", explique mercredi sur franceinfo Brice Fabre, économiste à l'IPP et co-auteur de cette étude. Ce sont eux qui ont le plus souffert des non revalorisations des retraites, de la réforme de l'assurance chômage et de celle des aides au logement, qui ont subi aussi la hausse des taxes sur le tabac.

Des moyennes qui cachent de grandes disparités

Tout en haut de l'échelle, les 1% les plus riches ont vu leur niveau de vie augmenter de 3 500 euros par an d'après l'IPP. Notamment grâce à la réforme de la fiscalité sur le capital, et la suppression à venir pour les 20% les plus riches aussi de la taxe d'habitation. 

"La différence, c'est que la catégorie de population la plus précaire ne bénéficie pas ou peu de, par exemple, la suppression de la taxe d'habitation ou de la revalorisation de la prime d'activité puisqu'ils ne la payaient pas."

Brice Fabre, économiste à l'IPP et co-auteur de l'étude

à franceinfo

Un résultat que les auteurs de l'étude nuancent : des disparités importantes existent évidement au sein de chaque tranche de la population. Mais selon les auteurs, toutes les mesures mises en place par Emmanuel Macron ont favorisé au premier chef le patrimoine et l'activité, c'est-à-dire le travail. "Le statut d'activité, les hausses du niveau de vie, concernent particulièrement les actifs, reconnaît Brice Fabre. Si on regarde l'ensemble de la distribution, on voit des hausses de niveau de vie en moyenne sur la population de 1,4%. Et lorsque on se focalise sur les ménages actifs, ce chiffre monte à 3,5%."

Comment l'expliquer ? Par la revalorisation de la prime d'activité mais aussi la bascule des cotisations sociales vers la CSG , "le fait d'avoir réduit les cotisations salariales qui étaient assises uniquement sur les revenus du travail et pour les basculer sur la CSG qui concerne tous les revenus, donc revenus du travail, revenus de remplacement et revenus du capital. Et donc les actifs sont gagnants via cette cette mesure."

Des études contradictoires

Dans une autre étude publiée le 4 octobre dernier, sur laquelle s'appuie le gouvernement, la direction générale du Trésor public écrit que "le pouvoir d'achat (…) des ménages a progressé de façon continue depuis 2017." Surtout, toujours selon ce même rapport, ce sont les revenus les plus faibles qui en sont les plus grands bénéficiaires, avec une hausse de 4% du pouvoir d'achat pour les 10% des ménages les plus pauvres. Qui faut-il croire alors ? "L'étude gouvernementale divise les individus en dix catégories, se défend Brice Fabre. C'est une décomposition un peu moins fine, on ne regarde pas les 5% les plus modestes, mais les 10% les plus modestes, ce qui en fait change la donne."

Il s'agit aussi et surtout d'une méthologie différente. "L'étude gouvernementale étudie l'ensemble des mesures socio fiscales entrée en vigueur en 2018, qu'elles aient été décidées sous le précédent quinquennat ou qu'elles aient été décidées durant le quinquennat actuel, explique l'économiste. Si l'on veut vraiment analyser les mesures prises et les décisions prises durant le quinquennat, je pense qu'il faut se focaliser en termes d'année de décisions et donc pour les réformes qui ont été décidées au moment du quinquennat."

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