Promotions alimentaires à 50% : "C'est une bonne chose" mais "il faut préserver le revenu des agriculteurs", met en garde le PDG de Système U
Dominique Schelcher, PDG de Système U, affirme ce mardi sur franceinfo que "la hausse des prix se poursuit et nous ne sommes qu'à mi-chemin", avec l'augmentation de toutes les matières premières de base.
"On ne veut pas opposer le pouvoir d'achat des consommateurs et le revenu des agriculteurs", prévient Dominique Schelcher, le PDG de Système U. Alors que la hausse des prix continue, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, propose d'augmenter les seuils des promotions alimentaires de 34% à 50% dans la distribution. "C'est une bonne chose" dit-il, mais "il faut préserver" le "revenu des agriculteurs. On ne peut pas opposer les deux. Il faut trouver une solution pour les deux, pour les Français et pour les agriculteurs".
franceinfo : La hausse des prix se poursuit-elle dans vos magasins ?
Dominique Schelcher : La hausse des prix se poursuit, malheureusement, et nous ne sommes qu'à mi-chemin. On a peut-être passé le mi-chemin actuellement, mais elle se confirme. Nos fournisseurs continuent à venir nous voir en nous proposant des hausses parce que le grand sujet du moment, c'est que toutes les matières premières de base augmentent encore et encore.
Comment répercutez-vous cette hausse sur vos produits ?
Notre travail actuellement avec nos acheteurs, c'est d'étudier les demandes qui nous sont faites, de bien les comprendre, ce qui suppose beaucoup de transparence. Parfois, c'est cette transparence qui manque dans les discussions et qu'on essaye d'obtenir pour, au bout du compte, répercuter la hausse la plus justifiée possible. C'est notre travail de servir d'amortisseur pour nos clients et de répercuter les choses les plus justes pour qu'après notamment aussi, le producteur agricole qui est à la base de beaucoup de matières premières derrière ses produits, soit rémunéré au juste prix.
Est-ce que les consommateurs ont déjà changé leurs habitudes d'achat ?
Depuis la fin du mois de mai, les choses s'accélèrent. Très concrètement, il y a des arbitrages. On achète moins de produits frais traditionnels, moins de légumes, moins de viande, moins de poisson parce que ce sont les produits les plus chers dans le panier. Et on se tourne aussi vers la marque distributeur, la marque U ou maintenant aussi les premiers prix.
Bruno Le Maire propose que les promotions alimentaires puissent atteindre 50% de remise dans la distribution. C’est 34% actuellement. Vous avez les reins assez solides pour proposer de telles promotions ?
Il faut tout faire pour trouver des solutions de pouvoir d'achat pour les Français et le faire le plus rapidement possible. Cette disposition avait été mise en place il y a trois ans maintenant pour deux choses. La première, c'est parce qu'il y avait eu des excès qu'il fallait réguler. Et la deuxième chose, c'était dans le cadre de la loi Egalim pour défendre le revenu des agriculteurs. Chez U, on ne veut pas opposer le pouvoir d'achat des consommateurs et le revenu des agriculteurs. Bien sûr, c'est une bonne chose de pouvoir avoir des produits avec plus de réductions jusqu'à 50%. Il faut peut-être revoir la liste, mais quand il y a une forte part de matières premières agricoles, ce sont les produits qu'il faut préserver pour défendre derrière le revenu des agriculteurs. On ne peut pas opposer les deux. Il faut trouver une solution pour les deux, pour les Français et pour les agriculteurs.
Michel-Edouard Leclerc affirme qu'il y a beaucoup de spéculation dans la hausse des prix actuels. D'ailleurs, Bruno Le Maire propose des contrôles pour vérifier que les hausses de prix soient justifiées. C'est une bonne chose ?
Il ne faut pas laisser croire aux Français qu'il y a une spéculation généralisée actuellement. Dans toute période d'inflation, il y a forcément un peu de spéculation. Il y a l'un ou l'autre acteur qui peut en profiter, mais ce n'est pas une généralité. Actuellement, la toile de fond, c'est l'augmentation de toutes les matières premières. Et la meilleure preuve en est que dans tous les pays européens, il y a cette inflation et qu'elle est même souvent supérieure à l'inflation française. Donc, ne laissons pas croire qu'il y a une spéculation généralisée.
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