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Le billet sciences. Plan de relance de l'agriculture : sauvetage ou investissement?

Le gouvernement a annoncé cette semaine un plan de relance de 1,2 milliard d’euros, consacré à l’agriculture. Mais est-ce assez pour un secteur en souffrance, déjà bien avant la crise du coronavirus Covid-19 ?

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'agroécologie, un bon placement (FERMES D'AVENIR)

Le plan de relance de l'agriculture de 1,2 milliard d’euros, annoncé cette semaine par l'exécutif, sera-t-il suffisant pour un secteur en souffrance déjà bien avant la crise sanitaire ? 

Une enveloppe bienvenue

Cela va faire du bien à un secteur fragile, car le nombre d’agriculteurs, qui est d’environ 450 000, est en baisse de 2% par an. Bien que cette enveloppe soit la bienvenue, le modèle agricole actuel ne permet pas à la grande majorité des agriculteurs d’avoir une activité viable. La météo et le dérèglement climatique sont autant d’obstacles supplémentaires.

La question est récurrente : cette enveloppe suffira-t-elle à garantir une viabilité permettant aux agriculteurs de s’en sortir ? Les paysans sont en effet les plus exposés au dérèglement climatique, avec des gelées tardives et des sécheresses de plus en plus longues, souligne Maxime de Rostolan, fondateur du réseau Fermes d'Avenir.

L’agroécologie est un bien meilleur placement, car les rendements sont plus stables dans le temps, car grâce à la diversification, ils sont moins exposés aux aléas de la météo, et ensuite ce sont des méthodes plus sobres.

Maxime de Rostolan, créateur du réseau Fermes d'Avenir

On parle sobriété notamment lorsqu’il s’agit par exemple de la gestion de l’eau. Le manque d’eau cette année a fait des dégâts considérables. Beaucoup d’agriculteurs ont construit des retenues d’eau pour anticiper la sécheresse. Mais cette action est contestée par les écologistes dans la mesure où elle favoriserait l’agriculture intensive, en pompant dans les nappes phréatiques au détriment de la culture bio et de la biodiversité. Sans compter l’évaporation et l’assèchement des nappes phréatiques.  

Les sécheresses et la canicule sont de plus en plus importantes, le changement climatique est clairement là, on a vu les vendanges avancées de plus de 15 jours cet été. L’usage de l’eau entraîne des tensions de plus en plus vives entre les agriculteurs. Continuer dans l’irrigation massive est une folie, aujourd’hui, il faut changer de modèle.

José Bové, ancien député européen

Un plan de relance pas suffisant pour assurer une vraie transition  

De nouveaux modèles, c’est aussi des plantes moins gourmandes en eau, comme le sorgho à la place du maïs, notamment pour le bétail. Le plan de relance souhaite d’ailleurs accélérer le rythme pour une transition vers l’agroécologie. Une enveloppe de 400 millions d’euros y sera consacrée, mais pour beaucoup d’agriculteurs ce n’est pas assez, pour assurer une transition d’envergure vers un modèle stable et durable. "On ne peut pas demander aux agriculteurs de porter le risque financier de leur transition", précise Maxime de Rostolan.  

400 millions d’euros (pour l'agroécologlie), ça fait 1000 euros par paysan, alors je ne suis pas sûr que cela leur permettra de faire vraiment la révolution nécessaire dans leurs exploitations. Ça fait des années que les filières leur appuient sur la tête et qu’ils ne peuvent pas joindre les deux bouts.

Maxime de Rostolan, réseau Fermes d'Avenir

On parle d’agriculture intensive, mais il y a de nouvelles méthodes plus vertueuses, des machines plus performantes, sans compter nos modes de consommation qui changent. On le voit d’ailleurs avec le succès du bio et du local. Acheter près de chez vous aide nos agriculteurs et cela devrait permettre au consommateur de payer moins cher pour des produits de meilleure qualité et qui n’ont pas parcouru des milliers de kilomètres.

Reste le gaspillage alimentaire qui, en France, est de 10 millions de tonnes par an, dont un million de déchets qui vient de nos assiettes. Concilier la qualité des sols et des produits, respecter la biodiversité, tout en évitant les pesticides, c’est un vaste débat d’agriculture planétaire.

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