Les bouchers montrent les crocs face au nouvel étiquetage de la viande
L'étiquetage simplifié de la viande fâche les artisans bouchers. Le président de la Confédération française de la boucherie estime, mardi dans "Libération", qu'"un pan entier de notre culture".
"Adieu poire, merlan, collier, araignée, échine ou encore plat de côtes..." Dans une tribune publiée dans Libération mardi 9 décembre, le président de la Confédération française de la boucherie Christian Le Lann s'insurge contre le nouvel étiquetage de la viande, qui doit être mis en place d'ici à la fin de l'année dans les grandes surfaces.
Le gouvernement a, en effet, publié un arrêté autorisant les rayons des supermarchés à utiliser des termes simplifiés, accompagnés d'un classement d'une à trois étoiles, pour les viandes vendues emballées. Les étiquettes afficheront ainsi "Steak ***, à griller" et non plus "tende de tranche", ou encore "rôti ***", à la place de "carré de filet". Les artisans bouchers, eux, ne sont pas concernés. Mais, comme l'explique Christian Le Cann dans sa tribune, ils se sentent offensés.
"Une atteinte irrémédiable à la culture française"
"Ce qui se prépare, explique l'artisan boucher, est très grave : un arrêté à valeur réglementaire va porter une atteinte irrémédiable à la culture française. Dès le 13 décembre, un nouvel étiquetage va faire son apparition sur les morceaux de viandes bovine et ovine préemballés et vendus en libre-service dans les grandes et moyennes surfaces."
Christian Le Cann n'y voit rien de moins qu'une atteinte à la culture française. "Des mots qui font la France et ses terroirs, des mots vivants qui sont les piliers de notre culture, jugés incompréhensibles et désuets, seront remplacés par des termes génériques et des étoiles", dénonce-t-il. Au-delà des mots, une culture gastronomique est en train de sombrer, selon lui. "A l’heure où la tradition gastronomique française se voit inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, elle n’a jamais été aussi menacée", estime-t-il.
Il dénonce le lobby de la grande distribution
Le boucher juge aussi que le gouvernement privilégie ainsi l'industrie agro-alimentaire et la grande distribution. "En livrant notre pays pieds et poings liés aux industriels et à la grande distribution, comme il l’a déjà fait en 2008 avec la loi de modernisation de l’économie, le gouvernement donne sa bénédiction à un modèle économique qui lamine notre agriculture, piétine les artisans et écorche la noblesse de nos métiers."
En outre, le consommateur sera mal informé, contrairement aux intentions proclamées, assure Christian Le Cann. "Cet étiquetage simplifié, visant 'à parler la langue du consommateur', ne va qu'ajouter 'opacité', 'désinformation' et appauvrissement de la pensée".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.