Nicolas Sarkozy a ouvert la conférence sur le déficit en qualifiant la situation des comptes publics de "sérieuse"
Pour pallier cette situation, le président Sarkozy compte encore et toujours sur le retour de la croissance et la réduction de la dépense, plutôt que par la "fausse solution" de la hausse des impôts.
En ouvrant les débats à huis clos à l'Elysée, le président a rappelé que le déficit public "représente environ 8% de notre richesse nationale".
"Notre situation est certes meilleure que celle de beaucoup de nos partenaires. Mais avec un déficit public qui représente environ 8% de notre richesse nationale, personne ne peut dire qu'elle n'est pas sérieuse". Le chef de l'Etat a ajouté que la dépense publique avait augmenté "de façon considérable pour être aujourd'hui la plus élevée de la zone euro" et atteindre "le niveau record de 55% du PIB". Il a attribué cette hausse à "l'inclinaison pour l'intervention publique" des gouvernements qui se sont succédé depuis la fin des années 1970 ainsi qu'aux "nouvelles dépenses" générées par la crise.
Parallèlement, échaudés par la suppression de la taxe professionnelle et la création du conseiller territorial, régions et départements boycottent la conférence sur le déficit organisée par l'Elysée, se dégageant de toute responsabilité dans ce trou financier. "J'ai pris la décision que nous n'irions pas nous prêter à un exercice pour lequel nous n'avons aucune responsabilité, les départements ne sont pas responsables du déficit de la France", a déclaré Claudy Lebreton (PS), président de l'Assemblée des Départements de France (ADF). "Nous ne nous sentons vraiment pas concernés".
"Aucun dossier, aucun déroulé, aucun document ne nous a été distribué", a-t-il déploré, ajoutant qu'il existe déjà une Conférence nationale des déficits publics, placée sous l'égide du premier ministre, qui n'a pas été réunie depuis longtemps. L'Association des Régions de France (ARF) et son président Alain Rousset (PS) boycotteront aussi cette réunion inédite. "Il y a eu le transfert des charges sans transfert équivalent de moyens, les régions votent des budgets en équilibre, elles mettent beaucoup plus dans le plan de relance que l'Etat, leur taux d'emprunt est modéré: je ne me sens pas responsable du déficit de l'Etat!", s'est exclamé le président de la région Bourgogne, François Patriat (PS).
Son homologue de Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne (PS) a qualifié la conférence de "mascarade à la veille des élections" régionales.
Le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen (PS) voit dans la réunion "une opération de communication, une tentative de trouver un alibi et des boucs émissaires".
Le président de la troisième grande association d'élus invitée, l'Association des Maires de France (AMF), Jacques Pélissard (UMP), se rendra à la conférence pour y affirmer que les déficits sont le fait de l'Etat et des organismes sociaux, non des collectivités locales.
Le secrétaire général de l'AMF, André Laignel (PS), a décliné l'invitation pour ne pas laisser "croire que les collectivités territoriales seraient concernées" par le déficit. Il sera remplacé par le maire de Sceaux (Hauts-de-Seine), Philippe Laurent (divers droite). Regrettant que cette initiative soit "l'occasion, pour le pouvoir central, de stigmatiser la gestion publique locale", M. Laurent a l'intention de rappeler qu'"à l'inverse de l'Etat", les collectivités locales ne présentent pas "de déficit au sens commun du terme, mais seulement un besoin de financement exclusivement dû aux investissements". "Dans la mesure où les collectivités respectent les règles d'équilibre budgétaire qui leur sont imposées par la loi", juge-t-il, l'Etat "n'a aucunement la légitimité" "de leur dicter leurs choix de finances publiques".
Pour le président de l'Association des maires des grandes villes, le maire de Grenoble Michel Destot (PS), "l'Etat est le principal responsable de la dette publique": "les collectivités territoriales représentent 73% des investissements publics, et 10% seulement des déficits".
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