Sous-munitions : un traité historique, mais à la portée limitée
Depuis ce matin et jusqu'à demain, une centaine de pays dont la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Canada, doivent signer la Convention d'interdiction des bombes à sous-munitions (BASM), négociée à grand-peine en mai dernier à Dublin. A l'origine du processus d'interdiction, la Norvège a été la première à parapher cet accord qui bannit la production, l'utilisation, le stockage et le commerce de ces armes, et qui, fait novateur, oblige les signataires à venir en aide aux pays et personnes victimes des BASM.
Les BASM, ce sont ces engins explosifs composés d'un conteneur (obus, missile, roquette) regroupant jusqu'à 650 "bombettes" appelées sous-munitions, qui se dispersent sur un vaste périmètre mais n'explosent pas toutes, se transformant de fait en mines antipersonnel. Elles sont particulièrement meurtrières pour les civils, pendant et après un conflit.
Selon Handicap International, environ 100.000 personnes, dont 98% de civils, ont été tuées ou mutilées dans l'explosion de sous-munitions à travers le monde depuis 1965. Plus d'un quart des victimes sont des enfants, intrigués par les formes et les couleurs des bombes. Sur les 440 millions de sous-munitions dispersées dans le monde depuis 40 ans (dont 383 millions dans trois pays du sud-est asiatique: Laos, Vietnam et Cambodge), quelque 33 millions d'engins n'auraient pas encore été neutralisés.
Si pour Richard Moyes, coprésident de la Coalition contre les sous-munitions (CMC), qui regroupe près de 300 ONG, cet accord est "le plus important de la dernière décennie", il reste d'une portée limitée à cause de l'absence à Oslo des principaux producteurs et utilisateurs de BASM, comme la Russie, la Chine, Israël, l'Inde et le Pakistan. Ou les Etats-Unis, détenteurs de 700 et 800 millions de sous-munitions.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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