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Résultats du premier tour : l'AFP brise l'embargo, le parquet ouvre une enquête

La loi est sans ambiguïté. Aucune diffusion des estimations de résultats du premier tour avant 20h00. Pourtant, dès hier après-midi, plusieurs grands médias étrangers, non soumis aux règles françaises, ont brisé le secret, conduisant l'Agence France-Presse à publier à son tour, les chiffres des grands instituts de sondage avant l'heure autorisée. Le parquet de Paris a ouvert une enquête.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Franceinfo (Franceinfo)

L'AFP, deux
médias belges, un média suisse, un site internet basé en Nouvelle-Zélande ainsi
qu'un journaliste belge font l'objet depuis hier d'une enquête du parquet de
Paris. Ce qui leur est reproché ? Avoir brisé l'embargo imposant d'attendre la
fermeture des derniers bureaux de vote dans les grandes villes françaises avant
de diffuser quelque indication que ce soit, fut-ce de simples estimations,
sur les choix des électeurs.

"Faire
autrement serait un non-sens
journalistique"

"L'AFP
est internationale et française. Comment imaginer que nos clients puissent
recevoir de nos concurrents internationaux des informations sur l'élection
présidentielle française avant d'être informés par l'AFP
", se défend le
Pdg de l'Agence France-Presse, Emmanuel Hoog, estimant que "faire
autrement serait un  non-sens
journalistique
". L'AFP qui, utilisant ses propres sources, a envoyé à ses
seuls clients médias une première alerte dès 18h46 annonçant la qualification pour le
deuxième tour de François Hollande et Nicolas Sarkozy, prenant soin tout de même
d'avertir ses abonnés que "la diffusion de ces informations auprès du
grand public est de la seule responsabilité des clients
", en ajoutant qu'elle-même ne diffuserait "aucune information sur les estimations auprès du grand
public via ses services internet avant 20h00
".

Un secret de polichinelle

D'autre
n'ont pas attendu jusque là. Dès le
début de soirée, des indications sur les premières tendances sorties des
urnes ont circulé sur twitter.  Des estimations
sous forme de messages codés sur le mode "Moi, j'dis ça, j'dis rien ".
Et les twittos n'ont pas manqué d'imagination. Ainsi, le
hashtag (mot clé) #RadioLondres a pris la première
place sur le réseau social avec des messages du type  "Premières prévisions METEO pour ce soir - Corrèze 28?, Neuilly 25?, Nuremberg
15?, Moscoy 14?, Bearn 10?, Norvège 3? #RadioLondres
".

Les sites internet des médias étrangers sont eux aussi pris d'assaut. En Belgique, le chat de la RTBF enregistre 180.000 internautes connectés entre 19h00 et 19h30. Idem du côté de la version en ligne du quotidien Le Soir, paralysé pendant une heure après avoir connu un pic de
65.000 visiteurs simultanés vers 19h00. On pouvait aussi lire de premiers
résultats en se connectant au site suisse 20minutes.ch, ou encore en écoutant Radio
Canada.

Un secret de
polichinelle qui relance le débat sur l'embargo imposé aux médias Français, en vertu
de la loi qui interdit la publication de sondages ou d'estimations le
jour du scrutin avant 20h00, heure de fermeture des derniers bureaux
de vote dans les grandes villes, sous peine d'une amende pouvant aller
jusqu'à 375.000 euros. "L'AFP qui donne les infos à ses clients, et les
Français qui s'informent en Suisse et Belgique: une loi vient d'imploser
",
résumait hier sur twitter le journaliste Pierre Haski, fondateur de Rue89. Election française : un embargo obsolète , titrait
pour sa part lesoir.be dans un édito de son rédacteur en chef adjoint,  Jurek Kuczkiewicz, daté du 13 avril .

Pourtant, ce matin, la Commission de contrôle de la
campagne a décidé de serrer la vis d'un cran pour le second tour. "Pour
tirer les conséquences de cette situation, et pour éviter que le résultat du
second tour de l'élection présidentielle ne soit divulgué avant la clôture du
scrutin, la Commission nationale de contrôle recommande, afin de garantir le
droit de chaque électeur à la libre expression de son suffrage, que soit fixée
à 20
heures, le 6 mai prochain,
la fermeture de l'ensemble des bureaux de vote de métropole
",
annonce-t-elle dans un communiqué.

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