Le Crédit Mutuel coupable d'évasion fiscale ?

L'enquête, intitulée Evasion fiscale, une affaire française , et menée par Nicolas Vescovacci, Geoffrey Livolsi et Raphaël Tresanini s’intéresse au Crédit mutuel, dans le viseur de la justice depuis 2013. Le groupe fait l’objet d’enquêtes en Suisse et en France, notamment pour "démarchage illicite et blanchiment de fraude fiscale aggravée " ; explique Nicolas Vescovacci, co auteur du documentaire.

A l’origine, le documentaire devait être diffusé sur Canal + en mai 2015. Mais suite à une décision de Vincent Bolloré, la diffusion a été annulée. "Ce film devait être diffusé le 18 mai, il a été validé le 12, fini le 15 et pas de diffusion. Aucune justification, et à ce jour on n’a toujours pas la moindre explication des responsables éditoriaux de l’émission ou des responsables de la chaîne ou du groupe. "

Un choix incompréhensible pour Nicolas Vescovacci. "Nous savons tous que Mr Bolloré peut être autoritaire, mais je ne comprends pas pourquoi il a pris la décision de censurer ce film. "

Les journalistes à l’origine de l’enquête décident alors de proposer leur documentaire ailleurs. "Nous avons contacté la responsable de l’émission Pièces à conviction dès que nous avons compris que nous pourrions faire ce film ailleurs. Nous sommes allés voir France 3 et Marie de la Chaume a visionné le film et a tout de suite parié dessus et nous a fait confiance. "

Des témoignages capitaux

C’est grâce aux témoignages d'anciens employés du Crédit mutuel que les trois journalistes affirment qu'un système d'évasion fiscale a été mis en place entre des clients français du Crédit Mutuel-CIC et sa filiale à Genève, la banque Pasche.

"Sans ces trois banquiers qui parlent pour la première fois, il n’y aurait pas d’histoire. Ce sont eux qui ont alerté en interne leur banque pour faire le ménage, et ils n’ont jamais entendu. Ils sont allés voir la direction du Crédit mutuel à travers leur avocate et ils ont été virés, officiellement pour des raisons économiques ". Ces trois anciens gestionnaires de compte de la Pasche Monaco se sont transformés en lanceurs d’alerte et témoignent à visage découvert.