La rédaction du Figaro ne veut plus d'Opinion Way
La Société des Rédacteurs du Figaro a demandé à sa direction d'arrêter la publication de sondages Opinion WayLa Société des Rédacteurs du Figaro a demandé à sa direction d'arrêter la publication de sondages Opinion Way Des sondages, qui, selon un rapport de la Cour des Comptes sur le budget 2008 de l'Elysée, "sont commandités" par "la présidence de la République".
Dans un communiqué, la Société des rédacteurs du Figaro fait part de sa "consternation" après le rapport de la Cour des Comptes relatif au budget de l'Elysée pour des sondages exclusifs.
"Il apparaît que de nombreux sondages 'Opinion Way' publiés, notamment, par le Figaro, sont commandités par la présidence et que certains sont expurgés avant d'être diffusés au grand public", écrit la Société des rédacteurs du quotidien.
Elle demande en conséquence "à la direction du Figaro de mettre immédiatement un terme à ce type de 'coproduction' qui nuit gravement à la crédibilité des titres du groupe".
"Il appartient au Figaro de choisir seul les instituts de sondage auxquels il commande des études, de déterminer avec eux les sujets de ces études et les questions posées à l'échantillon représentatif, et de publier les résultats in extenso, assortis des commentaires des journalistes rédigés en toute indépendance", ajoute la société des rédacteurs.
Opinion Way consteste l'analyse de la Cour des Comptes
Opinion Way a publié sur son site un communiqué dans lequel l'institut écrit qu'il "réalise depuis le début de l'année 2007 une enquête hebdomadaire pour le compte de LCI et du Figaro. Cette prestation régulière fait l'objet depuis cette date d'une facturation par OpinionWay à LCI et au Figaro, et seulement à ces deux medias".
Par ailleurs, une autre prestation réalisée par OpinionWay est citée dans les conclusions de la Cour des Comptes. Cette prestation différente correspond à des questions confidentielles posées régulièrement dans l'enquête omnibus (enquête unique rassemblant des questions achetées par des clients différents, bénéficiant ainsi d'économies d'échelle) d'OpinionWay. (...) Contrairement à ce que laisse entendre la Cour des Comptes, cette autre prestation ne correspond donc aucunement aux questions financées par LCI et Le Figaro."
Le Figaro dément
Au Figaro, le directeur des rédactions du groupe, Etienne Mougeotte, a opposé le même démenti, assurant que le sondage OpinionWay publié "chaque semaine dans le Figaro (était) payé par le Figaro sur la base d'un contrat annuel". "Tout ce qui est dit concernant des sondages qui seraient payés de manière extérieure, et notamment par l'Elysée, est faux et j'y oppose le démenti le plus formel", a-t-il dit.15 études sur 35 publiées dans la presse
Jeudi, dans son rapport sur le budget de l'Elysée, la Cour des comptes a noté que "sur les 35 études diverses facturées en 2008, au moins 15 d'entre elles avaient fait l'objet de publications dans la presse".
Elle stigmatise en particulier les enquêtes grand public "omnibus" réalisées par l'institut Opinion Way, dont les résultats "sont publiés dans Le Figaro et LCI".
"Pour un nombre très limité d'entre elles, la version remise à l'Elysée contenait des thèmes ne figurant pas dans la version grand public. Pour les autres études, le document remis à la présidence était identique à celui publié par les organes de presse et conduisait donc à mettre en doute l'intérêt de telles commandes", écrit la Cour dans son rapport.
Réactions de l'opposition
Dénonçant "un incroyable mécanisme de manipulation adossé à une scandaleuse collusion entre le pouvoir et certains médias", le Parti socialiste a demandé vendredi soir "une enquête sur les sondages commandés par l'Elysée".
Delphine Batho, députée PS et porte-parole de Ségolène Royal, a demandé vendredi à l'Elysée de rendre publique "la liste des 15 sondages payés par la présidence de la République et publiés par certains médias".
Benoît Hamon, porte-parole du PS, a évoqué vendredi un "carré magique" constitué de "l'Elysée, l'UMP, d'un côté, et du Figaro et LCI de l'autre".
Durant la campagne présidentielle de 2007, Ségolène Royal, mais également François Bayrou, président du MoDem, avaient mis en cause OpinionWay, l'accusant de travailler à la réussite de Nicolas Sarkozy.
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