La FAO se réunit face à "l'urgence alimentaire"
Mauvais signe ? On a surtout parlé, cette semaine, de la venue sulfureuse à Rome du président zimbabwéen Robert Mugabe et du leader iranien Mahmoud Ahmadinejad, que du sommet lui-même et de son ordre du jour. De nombreux chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus aujourd'hui - et jusqu'à jeudi - dans la capitale italienne pour essayer d'harmoniser leurs positions, et trouver dans un deuxième temps des remèdes pour contrer la flambée du prix des denrées. Car l'urgence n'est plus à déterminer.
On se souvient (voir notre dossier), voilà quelques semaines, de vagues violentes de protestation rapidement baptisées "émeutes de la faim". En Afrique, comme au Cameroun, dans les Caraïbes (Haïti) ou en Asie, cette révolte a fait plusieurs dizaines de victimes.
_ A l'origine, d'ailleurs, la conférence programmée l'an dernier devait porter sur le changement climatique et les biocarburants, avant que les événements n'imposent un nouveau thème dominant.
Les prix des denrées alimentaires ont pratiquement doublé dans le monde en trois ans, selon la Banque mondiale. Régulièrement pointés du doigt comme facteurs d'explication, les barrières commerciales, la demande croissante venue d'Asie en parallèle des nouvelles habitudes alimentaires, la faiblesse des récoltes ainsi que les cours du pétrole. Sans oublier bien sûr les fameux biocarburants, puisqu'on sait que 100 millions
de tonnes de céréales par an sont désormais utilisées pour fabriquer de l'éthanol ou du bio-diesel.
"Principes d'action"
Dans les discussions aujourd'hui, un plan "d'action" contre la crise alimentaire, qui devrait être dévoilé par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Celui-ci a été élaboré par une cellule de crise, créée il y a un mois, et qui rassemble les dirigeants des agences onusiennes, du FMI et de la Banque mondiale.
_ La FAO demande entre 1,2 et 1,7 milliard de dollars pour des programmes urgents de distribution de semences et de fertilisants, pour "sauver la production agricole de 2008-2009". Mais le but officiel de la conférence n'est pas de lever des fonds...
Enfin, la polémique a donc enflé sitôt connues les intentions de Robert Mugabe et Mahmoud Ahmadinejad de se joindre à ce concert de nations. Le premier, virtuellement président du Zimbabwe avant un second tour et malgré sa défaite aux élections du 29 mars, est accusé par des pays anglo-saxons d'avoir "utilisé l'aide alimentaire à des fins politiques". Le président iranien suscite, quant à lui, toujours les mêmes griefs et inquiétudes parmi les partis occidentaux, avec son programme nucléaire.
Matteu Maestracci avec agences
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