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La diplomatie mondiale inquiète des fuites de WikiLeaks

Les réactions oscillent entre les condamnations et les silences gênés, après la publication des premières dépêches diplomatiques américaines, orchestrée par le site WikiLeaks. Globalement, les alliés européens de Washington estiment que ces fuites mettent des vies en danger et menacent l'autorité des démocraties. Les pays du golfe Persique condamnent aussi et l'ONU se réfugie dans le silence.
Article rédigé par franceinfo
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Un haussement d'épaules qui cache une grande colère.
_ Le ministre italien de la Défense, Ignazio La Russa a qualifié les révélations de WikiLeaks (lire notre article) de “piètres ragots”, semblant sortir de “magazines spécialisés dans les commérages”. Son patron, Silvio Berlusconi est décrit comme “irresponsable” et “physiquement et politiquement faible”. Les alliés occidentaux de Washington sont solidaires dans la condamnation de la publication de 250.000 dépêches diplomatiques américaines, dans quatre journaux de référence grâce au site WikiLeaks. Les “bonnes feuilles” ont paru aujourd'hui, avec, entre autres, les amabilités des services du Secrétariat d'Etat à l'adresse des chefs d'Etats du monde entier.

A ces jugements peu amènes s'ajoutent les révélations sur les pressions des pays du golfe Persique pour que les Etats-Unis attaquent l'Iran (lire encadré ci-contre) sur les demandes d'espionnage de responsables de l'ONU, sur la livraison de missiles à l'Iran par la Corée du Nord, sur les turpitudes du frère du président afghan Hamid Karzaï etc.

La Maison Blanche a condamné ces publications “dans les termes les plus forts”, réaffirmant que ces documents pouvaient faire courir des risques mortels à certains individus.
La France a emboîté le pas. Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, s'est déclaré “très solidaire de l'administration américaine”. Pour lui, ces fuites constituent une “menace”, visant “l'autorité et la souveraineté démocratiques”. Londres craint que ces documents ne “mettent à mal la sécurité nationale”.
Paris ne confirme "aucun des propos" attribués à de hauts responsables français. Dans l'un des documents, le conseiller diplomatique de l'Elysée, Jean-David Levitte, estime que l'Iran est un Etat "fasciste" et qualifie le président vénézuélien Hugo Chavez de "fou" qui transforme son pays en nouveau Zimbabwe.

Les pays du golfe Persique, qui appellent publiquement au règlement politique de la question du nucléaire iranien, et qui, selon les fuites, appellent en sous-main Washington à intervenir militairement, estiment que la confiance avec les Etats-Unis sera rompue à l'avenir. Et la méfiance risque de prévaloir, si le secret des conversations diplomatiques n'est pas garanti.

Si les anathèmes pleuvent des chancelleries, le silence, en revanche, règne du côté de l'ONU. Les Nations-Unies refusent de commenter la collecte d'informations sur leurs fonctionnaires, tout en soulignant qu'elles comptent “sur le respect par les Etats membres” de l'immunité du personnel onusien à travers le monde.

  • Comment fonctionne WikiLeaks ? Qui est Julian Assange ? Le journaliste Paul Moreira, qui a enquêté sur WikiLeaks, invité de Catherine Pottier :

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