Cet article date de plus de dix ans.

"La chute de la France", l'article-cliché du magazine Newsweek

Accumulation de stéréotypes, affirmations fausses, une journaliste de Newsweek installée à Paris depuis 10 ans a publié un article sur la situation économique de la France ce week-end. Pays qui "meurt doucement", où le litre de lait est à six euros et où les couches pour bébé sont gratuites.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Capture d'écran Newsweek Autre)

L'attaque de l'article de
Newsweek se passe de commentaire. Elle donne une vision de la
France arriérée, très éloignée de la réalité, qui a fait sourire les internautes ce week-end. Un "French bashing" qui tourne au bidonnage. Même
si la journaliste, Janine di Giovanni, prévient "c'est une exagération ", elle compare la
situation économique actuelle à 1685 et la révocation de l'Edit de Nantes. Les huguenots
n'étant plus protégés, raconte Janine di Giovanni, sont partis par centaines de
milliers, "une fuite des cerveaux " en somme. Le rapport avec 2014 ? "Depuis l'arrivée de François Hollande, les taxes et les contributions à
la Sécurité sociale ont grimpé en flèche
", et les hommes d'affaires, entrepreneurs et inventeurs "quittent la France pour développer leur
talents ailleurs
".

Et la métaphore des huguenots
se poursuit. Pour Janine di Giovanni, une Britannique qui vit en France depuis
10 ans, la France décline depuis deux ans. Et ce, à cause de la main "lourde " du socialisme. "C'est incroyablement difficile de démarrer une petite
entreprise quand vous ne pouvez pas renvoyer les salariés inutiles et en employer
de nouveaux
". Comme les huguenots (les revoilà), "les jeunes diplômés
ne voient pas leur futur et prévoient de fuir vers Londres
". 

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Six euros le litre de lait

Mais il n'y a pas que la référence aux huguenots qui apparaît comme exagérée dans l'article de Newsweek . Il y a, officieusement, "cinq millions " de chômeurs en France, selon le magazine américain. Et le coût de la vie y est
excessif. "Le demi-litre de lait à Paris coûte presque quatre dollars ".
Ce qui fait donc huit dollars le litre, soit 5,9 euros le litre. Certains utilisateurs de Twitter ont vérifié :

Qui dit lait, dit enfant ?
Janine di Giovanni vit à Paris avec son mari français et leur fils. La
journaliste nous apprend qu'en France, "si vous remplissez tous les
formulaires, les couches sont gratuites
", et il existe des "crèches gratuites " dans tous les quartiers. Ce qui est faux. Il n'y a aucune crèche gratuite en France. Sans parler d'une de ses
amies banquières qui "profite de son congé maternité pour faire de la
voile autour de la Guadeloupe
".

Pour Anne Sinclair, qui a
commenté l'article dans le Huffington Post, c'est une "caricature à la Marie-Chantal ",
un texte bourré "d'inepties " consacré à "démolir la France ",
mais qui a eu le mérite "d'égayer notre rentrée de janvier ".

"La France meurt
doucement. Le socialisme la tue" (Newsweek)

Et si la France a des
difficultés économiques, c'est notamment à cause de problèmes linguistiques. "Le
problème c'est qu'en français, il n'y a pas de mot pour -entrepreneur-
", écrit Janine
di Giovanni, oubliant l'origine française du terme... La journaliste britannique
soulève aussi la question de la maîtrise de l'anglais, analysant : "Au
forum économique de Davos,
 la France est toujours sous-représentée. L'année
dernière, une seule ministre, Fleur Pellerin, est venue. Il semblerait qu'elle soit la seule membre du
gouvernement à parler couramment anglais
".

En clair,
pour que la France s'en sorte, il faut qu'elle se "réveille " car "l'Etat-providence
ne peut plus jouer un rôle aussi important qu'il y a 10 ans
". Il y aurait bien
un exemple à suivre, tout de même, selon Janine
di Giovanni. Celui du PDG de Total, Christophe de Margerie. Lui, qui parle "l'anglais
de la reine d'Angleterre
", et qui "passe beaucoup de temps à
négocier en dehors de la France
".

Mais soyons
rassurés, les Américains qui ont lu cet article dans leur magazine du week-end
finissent tout de même une note optimiste. Presque hypocrite après avoir sérieusement
critiqué le système français. "J'aime mon pays d'adoption et je ne veux
pas le quitter. Je veux que mon fils termine ses études dans le système éducatif
français. Je ne veux pas qu'il fuit vers Wall Street ou la City à Londres. Je
veux qu'il essaye de construire une France meilleure
".

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