Procès des attentats : "C’était un carnage", raconte l'urgentiste Patrick Pelloux, parmi les premiers arrivés sur les lieux

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Patrick Pelloux témoigne à la barre, devant la cour d'assises spéciale de Paris, le 9 septembre 2020. (ELISABETH DE POURQUERY)

La cour d'assises spéciale donne la parole aux victimes, parmi lesquelles le caricaturiste Riss, aujourd'hui directeur de publication de l'hebdomadaire satirique.

Ce qu'il faut savoir

Au lendemain du témoignage glaçant de la dessinatrice Coco sur le déroulement de la tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo, la cour d'assises spéciale de Paris doit encore entendre, mercredi 9 septembre, des rescapés et témoins de l'attentat commis par les frères Kouachi, au sixième jour du procès des attentats de janvier 2015. La cour entend, cette fois, les témoins blessés dans l'attaque.

A la barre, Laurent Sourrisseau, dit "Riss", actuel directeur de la publication du journal, livre un témoignage difficile de cette attaque qui l'a touché à l'épaule : "Je comptais les secondes, chaque seconde qui passait était précieuse, c'était peut-être la dernière et puis là je reçois un coup dans le dos", se souvient-il. "Je me suis mis en apnée, je me disais s'il me voit respirer, il va m'en remettre une." 

Ancien chroniqueur de l'hebdomadaire, Patrick Pelloux, lui, n'était pas dans la salle lorsque les frères Kouachi ont tiré. Mais il est arrivé sur place rapidement, avec les pompiers. "Je suis médecin urgentiste depuis très longtemps, j'étais pompier de Paris, j'en ai vu des scènes, mais des comme ça, jamais. C'était un carnage", a-t-il raconté. Suivez notre direct.

Le témoignage douloureux de la dessinatrice Corinne Rey, dite Coco. Le matin du 7 janvier 2015, les terroristes "ont surgi du couloir au moment où on arrivait dans la cage d'escalier", raconte-t-elle, mardi. "Nous avons monté l'escalier, en moi une détresse absolue d'avoir ces deux hommes qui me menacent de leurs armes, une menace de mort permanente dès le début", confie Coco. "J'étais comme dépossédée de moi, j'arrivais plus à rien. J'ai avancé vers le code et je l'ai tapé et je sentais que les terroristes approchaient de leur but, je sentais une excitation à côté de moi".

"J'ai enjambé les corps, j'ai pris mon téléphone, j'ai appelé les pompiers." Sigolène Vinson, chroniqueuse judiciaire pour Charlie Hebdo, a également livré son témoignage. "Il y avait des éclats d'os partout qui brillaient et de la matière que j'ai identifiée comme de la cervelle, a-t-elle relaté. Quelques instants avant, c'était de l'intelligence, de l'humanisme et tout ça, c'était par terre." Elle a également détaillé le moment où elle a appelé les secours. "Je me suis reculée, j'ai enjambé les corps, j'ai pris mon téléphone, j'ai appelé les pompiers, j'ai dit 'Ils sont tous morts, ils sont tous morts'. J'ai vu un bras se lever 'Non, moi je suis pas mort', c'était Fabrice."

 La tuerie de Charlie Hebdo projetée à l'audience. Lundi, la cour a diffusé des images de la scène de crime à l'intérieur du journal et des films de vidéosurveillance, où l'on voit les frères Kouachi pénétrer dans les locaux, tirer sur les premières personnes à l'entrée puis assassiner le policier Ahmed Merabet une fois sortis des lieux. "Il va falloir mettre de l'humanité dans ce procès, car ce qu'on vient de voir c'est inhumain. On a vu des machines de guerre", a résumé Me Caty Richard, avocate de partie civile, lors d'une suspension d'audience.