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Comment Hollande tente de se réconcilier avec les entreprises

Le gouvernement a annoncé vendredi qu'il renonçait à encadrer les salaires des dirigeants du privé. Ce geste à destination des entreprises n'est pas le premier. Francetv info fait le résumé.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
François Hollande s'adresse à des dirigeants d'entreprises, à l'issue des Assises de l'entrepreneuriat, à l'Elysée, à Paris, le 29 avril 2013. (MICHEL EULER / AFP)

Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a annoncé vendredi 24 mai que le gouvernement renonçait à encadrer les salaires des patrons du privé, comme il l'a fait dans le public. Francetv info revient sur les différents signaux envoyés par le président aux entreprises.

1Pas de limitation des salaires dans le privé

En juillet 2012, le chef de l'Etat honore un engagement de campagne en imposant "un écart maximal de rémunérations de 1 à 20" dans les entreprises publiques. Mais il ne compte pas en rester là, et entend s'attaquer de la même manière au privé. Début mars, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, annonce un projet de loi "avant l'été". Et le même mois, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, enfonce le clou à la tribune de l'Assemblée nationale, promettant "un projet de loi pour les groupes privés".

Mais le projet ne fait pas long feu. "Il n'y aura pas de projet de loi spécifique sur la gouvernance des entreprises", fait savoir le ministre de l'Economie, le 24 mai. Pas de mesures coercitives mais une "autorégulation exigeante" et du "dialogue".

La directrice du Medef, Laurence Parisot, et le président de l'Association française des entreprises privées (Afep), Pierre Pringuet, "se sont engagés à présenter rapidement un renforcement ambitieux de leur code de gouvernance", indique Pierre Moscovici. Toutefois, "si les décisions annoncées ne sont pas à la hauteur, nous nous réservons la possibilité de légiférer", prévient-il. Difficile de prendre cet avertissement au sérieux : le code de déontologie (PDF), adopté en 2008, n'a pas empêché les salaires des grands patrons de grimper en 2010 et 2011.

2Une batterie de mesures pour les entrepreneurs

Lundi 29 avril, François Hollande prend la parole devant près de 300 dirigeants de sociétés. Ils sont réunis dans la salle des fêtes de l'Elysée à l'issue des Assises de l'entrepreneuriat. Pour Challenges, le président veut "démontrer que le divorce entre les entreprises et la gauche, c'est fini".

Alors le chef de l'Etat bichonne ses hôtes : "Ce sont les entreprises qui créent les richesses, qui créent l'activité et qui créent de l'emploi, lance le locataire de l'Elysée. Il faut montrer que la réussite est possible, qu'elle n'est pas blâmable, qu'elle est estimable." Des déclarations saluées par un tonnerre d'applaudissements, relate le Journal du Dimanche

Le chef de l'Etat présente une série de mesures favorables aux entrepreneurs. Parmi elles : la simplification de la taxation sur les plus-values réalisées lors des cessions d'entreprises; un financement entièrement consacré à la création d'entreprise; la création d'un "visa entrepreneur" à destination des étrangers porteurs d'un projet innovant et la mise en place, dans certaines régions du monde, de "maisons de l'international" proposant aux entreprises qui peinent à exporter les services d'un incubateur.

3La flexisécurité à la française

En janvier, patronat et syndicats parviennent à un accord sur la réforme du marché du travail. Objectif du texte : instaurer une flexisécurité à la française. Le Medef se félicite tandis que les syndicats Force ouvrière et CGT font part de leur mécontement. Du côté de l'UMP, c'est l'embarras. On est partagé entre soutien timide et critiques modérées. "S'ils émettent en public des réserves, la plupart des députés UMP envisagent tout de même de voter le texte", écrit Le Monde, en mars. Le quotidien observe que "l'UMP est d'autant plus prudente sur ce texte, que le Medef se satisfait du résultat final".

La réforme est censée permettre aux entreprises de s'adapter plutôt que de licencier. Par exemple, en cas de difficultés passagères, ces dernières pourront augmenter le temps de travail, diminuer les salaires ou encore faire de la mobilité interne. Par ailleurs, les contrats courts, les CDD de trois mois, seront taxés dans l'espoir de réduire la précarité des salariés. Jean-Paul Chapel, du service économie de France 2, revient sur les grandes lignes de ce texte : 

Le 5 mars, les syndicats appellent à manifester contre cette réforme, à la veille de la présentation du projet de loi en Conseil des ministres. Mais ils ne mobilisent pas autant qu'ils le souhaitaient. Et pour cause, six Français sur dix y sont favorables, selon un sondage BVA, rapporté par L'Expansion.

4La reculade face aux "Pigeons"

En octobre, des chefs d'entreprises réunis sous un mouvement baptisé "Pigeons" protestent contre la hausse de la taxation des plus-values en cas de cession d'entreprise. Près d'une semaine après leur mobilisation, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, affirme que le projet sera revu, et il propose de recevoir les organisations patronales et des dirigeants de start-up. Valéry Lerouge et Eric Delagneau, de France 2, résument la situation : 

Et les "Pigeons" obtiennent gain de cause. Le 19 octobre, l'Assemblée nationale vote la version revue et assouplie par le gouvernement de la disposition sur la taxation des plus-values de cessions d'entreprises.

"Les chefs d'entreprise sont les bienvenus à l'Elysée, il n'y a pas d'ostracisme", a assuré un familier du président au Monde. C'est sûrement pour cette raison qu'"entreprises" est le mot le plus utilisé par François Hollande dans ses discours.

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