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Les paysans français séduits par le projet de réforme de la PAC

C'est suffisamment rare, voire inédit, pour être souligné : et la FNSEA et José Bové se disent satisfaits du projet de réforme de la Politique agricole commune, la Pac, pour 2014-2020, présenté hier. Il se veut "plus juste" entre les gros et les petits exploitants, entre nouveaux entrants et membres historiques de l'UE et vise à encourager les orientations environnementales dans les pratiques agricoles. _ De quoi réconcilier le monde agricole hexagonal avec Bruxelles ? On attendra la mise en route de ce projet, dont on ignore tout du budget.
Article rédigé par franceinfo
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"Pour la première fois depuis 30 ans, un commissaire à l'agriculture propose un avenir pour les paysans européens ". À la commission européenne, on a dû se pincer, en entendant José Bové, l'un des pourfendeurs de la PAC se réjouir ainsi du projet présenté hier à Bruxelles par le commissaire à l'agriculture Dacian Ciolos.

Même satisfaction affichée du côté de la FNSEA, le principal syndicat agricole français, qui estime que ces propositions "vont dans le bon sens".

Le ministre de l'Agriculture Bruno Le maire voit aussi dans le document de la Commission "une base de travail utile". Il n'y a guère en France que la Coordination rurale pour rejeter en bloc le projet, y voyant une
"nouvelle atteinte aux traités fondateurs de l'UE".

Une Pac plus juste et plus verte

Objectif de cette réforme : faire de la Pac une politique "plus écologique, plus équitable, plus
dynamique et plus efficace", a expliqué Dacian Ciolos, qui demande en substance un effort aux exploitants les plus riches, en plafonnant les subventions liées à la surface qui privilégiaient jusqu'à présent les grandes exploitations, tout en défendant un montant minimum pour les plus petites.
_ Le commissaire roumain veut aussi revoir les critères d'attribution des aides directes, en établissant notamment des critères "verts". Le versement des subventions serait lié aux efforts de protection de l'environnement faits par les exploitants.

Il est question par ailleurs d'aligner progressivement les aides aux nouveaux pays membres sur les "historiques". Aujourd'hui, elles représentent en moyenne 500 euros par hectare en Grèce, contre 100 euros en Lettonie.
_ Le projet de Damian Ciolos défend enfin une idée chère à la France : conserver des instruments de gestion des marchés agricoles afin de disposer d'un "filet de sécurité" face à la volatilité des prix.

Une future Pac, pas encore budgétée

Mais, si la France, première bénéficiaire de la Pac en Europe, voit ces propositions d'un bon œil, elles ne représentent que l'une des trois options (lire en page 14 du document ci-dessus) présentées hier par la Commission. En outre, le principal syndical agricole européen, la Copa-Cogeca, s'est dit sceptique sur le coût et l'impact des critères "verts". Réaction mitigée aussi en Allemagne, qui s'oppose au plafonnement des subventions dans les grosses exploitations, qui sont légion en ex-RDA.

Enfin, la question du financement de ces mesures n'a pas été évoquée. Aujourd'hui, le budget de la Pac représente près de 60 milliards d'euros, soit 40% du budget européen. Pour la FNSEA notamment, sans un budget au moins équivalent, la réforme "n'aura aucun sens".

Prochaines étapes : les gouvernements européens se prononceront
sur ces pistes de réformes le 29 novembre à l'occasion
d'une réunion des ministres européens de l'Agriculture. Puis ils arrêteront une position finale début 2011. La Commission elle présentera à la mi-2011 des propositions législatives formelles.

Cécile Quéguiner avec agencesOeuvres liées

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