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Les communes à l'heure des économies imposées : à Beauvais, "du cidre au lieu du champagne" et "plus de halle couverte"

Les contraintes budgétaires imposées aux communes sont au cœur des débats au  Congrès des maires de France, à Paris, à partir de mardi. À Beauvais, dans l'Oise, la mairie redoute la nouvelle baisse des dotations, après des années d'efforts.  

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Ces dernières années, la mairie de Beauvais a dû revoir ses projets et ses ambitions à la baisse à cause des économies imposées par l'Etat.  (MAXPPP)

Le 100e Congrès des maires de France s'ouvre mardi 21 novembre à Paris pour trois jours. De nombreux élus comptent montrer à l'exécutif leur colère devant l'objectif de 13 milliards d'euros d'économies imposé par l'Etat aux collectivités sur le quinquennat, alors que les communes estiment déjà avoir fait de nombreux efforts. Exemple à Beauvais (Oise). 

Un budget traqué jusqu'aux centimes

En mairie de Beauvais, le chef du protocole, Philippe Soudé, montre une série de chiffres sur une liasse de papiers. Le diable se cache dans le détail, explique-t-il. Son obsession se porte sur la chasse aux centimes d’euros. "Pour la cérémonie des vœux du Nouvel an, on a remplacé le champagne par du cidre local", cite-t-il en exemple. Le changement des bouteilles permet d'économiser plus de 20 000 euros par an. D'autres choix se sont aussi imposés. 

Les petits fours sont remplacés par des chouquettes ou du cake salé achetés auprès des boulangeries de Beauvais. C’est dans la somme des détails que nous faisons la différence

Philippe Soudé, chef du protocole à la mairie de Beauvais

à franceinfo

Des milliers d'euros, on passe aux millions du côté du nouveau théâtre en chantier, dont l'ouverture est prévue en 2019. Avec la baisse des dotations, l'agglomération a dû revoir sa copie, regrette Arnaud de Sainte-Marie, l'adjoint en charge de la Culture.

La salle principale faisait normalement 900 places, elle en fera 670. On ne va pas créer de fosse d’orchestre. La scène sera aussi un peu moins haute, 21 mètres au lieu de 27.

Arnaud de Sainte-Marie, adjoint à la Culture à Beauvais

à franceinfo

Au final, le budget de 27 millions a dû être divisé par deux, selon les calculs de l'adjoint à la maire de Beauvais. 

Des choix visibles dans le secteur commercial

À Beauvais, la place des halles sert de parking, sauf les jours de marché. Charles Locquet, en charge du développement économique des entreprises et du commerce à la ville, avait un tout autre projet. Mais il nécessitait un investissement de 2,5 millions d'euros, explique le conseiller municipal. 

Dans notre plan pluriannuel, nous avions prévu une halle couverte en cœur de ville. On n’a pas pu le faire, il n’y avait plus les budgets.

Charles Locquet, chargé du commerce à Beauvais

à franceinfo

Les économies touchent en cascade plusieurs corps de métiers, architectes, entreprises du bâtiment... C'est un crève-cœur, constate Charles Locquet. Il ne désespère pas de ressortir le projet des cartons, mais avec la baisse des dotations annoncées, dit-il, "nous sommes un peu fébriles".

Rogner encore, mais sur quoi ?

La maire Les Républicains (LR) de Beauvais, Caroline Cayeux, est inquiète pour l'avenir. L'élue préside aussi la Fédération des villes de France, une association regroupant des agglomérations de taille moyenne, où elle a pris le pouls des autres mairies. La situation est tendue, explique-t-elle.

Nous, collectivités, nous sommes à l’os. On a fait les économies qu’il fallait faire.

Caroline Cayeux, maire de Beauvais

à franceinfo

Pour Beauvais, détaille la maire, la baisse de dotations a représenté 4 millions d’euros sur un budget global annuel de 110 millions d’euros. Quand vous cumulez ces baisses, c’est de l’argent en moins, dit-elle. Caroline Cayeux s’interroge sur les mesures supplémentaires à prendre. "Est-ce que cela veut dire que je vais fermer une crèche ? Supprimer un ou deux centres de loisirs ? Est-ce que je vais fermer la mairie le mercredi ?", égrène-t-elle.

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé la suppression de la majeure partie de la taxe d'habitation, en promettant une compensation pour les mairies, mais Caroline Cayeux n'y croit guère. "C’est 35% des ressources fiscales de la commune", précise-t-elle. La coupe est pleine. Pour la maire de Beauvais, "trop c’est trop"

Beauvais à l'heure des économies budgétaires : un reportage de Sandrine Etoa-Andègue

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