Le retour de la croissance, fragile, n'empêchera pas l'an prochain une poursuite de la montée du chômage
Malgré un recul prévu du PIB de 2,25 % en 2009, l'économie est repassée au vert au printemps et devrait continuer de progresser sur un rythme de 0,3 à 0,4 % par trimestre au moins jusqu'à mi-2010. Selon l'INSEE, le PIB a progressé de 0,3 % au 3e trimestre 2009.
Pour autant, le chômage rode: l'INSEE prévoit un taux de 10,2 % avec les DOM mi-2010.
Destructions massives
L'augmentation du nombre de chômeurs va continuer, même si son rythme devrait ralentir par rapport aux destructions d'emplois massives de 2009.
La France, qui avait enregistré son plus bas taux de chômage en 25 ans début 2008, a connu depuis un afflux de près de 600.000 sans-emplois supplémentaires en 18 mois (+ 29,7 %). Ce qui porte à 2,6 millions au troisième trimestre 2009 le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail. Malgré l'effet amortisseur de mesures comme le chômage partiel, le chômage devrait encore grimper dans les prochains mois, suivant un mouvement "un peu en tôle ondulée", selon l'expression de la ministre de l'Economie et de l'Emploi, Christine Lagarde.
Pour l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), "la France devrait connaître une nouvelle hausse sensible du chômage en 2010, alors que la situation tend à se stabiliser dans les pays qui ont enregistré les plus fortes dégradations des conditions sur le marché du travail, tels que les Etats-Unis, l'Espagne et l'Irlande".
Radiographie du chômage
L'an dernier, "quand l'activité s'est effondrée, les entreprises n'ont pas entièrement répercuté cette baisse sur leurs effectifs, et du coup elles ont accumulé un retard de compétitivité", estime le responsable de la synthèse conjoncturelle à l'INSEE, Benoît Heitz.
"Avec la reprise, il y a des entreprises pour qui ça repart : elles doivent d'abord restaurer leur compétitivité et donc elles embauchent peu ou pas dans un premier temps. Mais il y a aussi des entreprises qui souffrent encore et continuent à réduire l'emploi", poursuit cet expert.
Parmi les secteurs encore à la peine, l'économiste Karine Berger, de l'assureur-crédit Euler Hermes, identifie la chimie, l'agroalimentaire, l'aéronautique, le commerce de détail et, surtout, le bâtiment.
Jusqu'en 2011 ?
Dans ce contexte, si l'on en croit un récent sondage, le président de la République devrait, pour une grande majorité de personnes interrogées, en faire le chantier prioritaire de la seconde partie de son mandat, selon un récent sondage.
Vu la faible croissance attendue, "la hausse du taux de chômage pourrait bien ne pas s'achever avant le début de 2011", met en garde l'OCDE. Voilà qui pourrait avoir des répercussions sur le débat politique en France à l'approche de la présidentielle de 2012...
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