Le quotidien La Tribune se met à l'abri de ses créanciers
Cela faisait des années que La Tribune perdait de l'argent. Et plusieurs mois que sa présidente Valérie Decamp faisait les yeux doux à d'eventuels investisseurs, capables de mettre 15 millions d'euros sur la table.
_ A la demande de son Comité central d'entreprise réuni hier soir en séance extraordinaire, le quotidien économique vient d'être placé, pour six mois, en procédure de sauvegarde. Cette décision du tribunal de commerce de Paris lui permet de poursuivre son activité, tout en gelant temporairement ses dettes. Durant cette période, les créanciers devront attendre : seuls les salaires seront payés.
La procédure de sauvegarde, inspirée du chapter eleven de la législation américaine, est "une action préventive dont l'objectif est de pérenniser le développement du journal et de lui garantir les meilleures chances de réussite", explique le titre dans un communiqué. D'autres titres de la presse française ont déjà bénéficié, avec succès, de cette procédure. Notamment Libération en octobre 2006.
_ Un sursis de quelques mois pour La Tribune qui a commencé à redresser la barre en 2010, en ramenant son déficit de 14 millions à quelque 9 millions d'euros.
Parallèlement, un plan de licenciements serait déjà à l'étude. "Il va y avoir des mesures d'économie", assure Jean-Christophe Chanut, secrétaire du CE. "Et cela commence dès la semaine prochaine avec neuf licenciements économiques", poursuit-il. Selon la direction, ces départs seront volontaires, mais ensuite, l'emploi n'est pas garanti pour ceux qui resteront.
Survie du titre
Mais ces cures d'amaigrissement successives posent la question de la survie même du quotidien d'informations économiques, dont les effectifs sont passés à une centaine de personnes, contre 125 ou 130 il y a deux ans.
_ Pointant les menaces qui pèsent sur le pluralisme - le seul autre quotidien du secteur, Les Echos, appartient à Bernard Arnault - les salariés demandent à être reçus d'urgence par leur ministère de tutelle.
Après avoir été racheté en 2008 par Alain Weill, le PDG de NextRadio (BFM, BFM TV, RMC Info), le quotidien avait été cédé en mai 2010 pour un euro à sa directrice, Valérie Decamp.
Gilles Halais, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.