Le PDG Henri Proglio a confirmé jeudi renoncer à sa rémunération de 450.000 euros chez Veolia
Une polémique avait éclaté sur la rémunération annuelle d'Henri Proglio, qui cumule la présidence d'EDF et de Veolia.
Son salaire total s'élevait à deux millions d'euros par an: 1,6 million pour EDF ("en hausse de 45 % par rapport à la rémunération de Pierre Gadonneix, son prédécesseur", selon lepoint.fr), et 450.000 euros pour Véolia.
"Aujourd'hui, une polémique peut m'empêcher de mener à bien le projet industriel et social que j'ai forgé pour EDF, dont l'entreprise a besoin et pour lequel j'ai été missionné", a déclaré M. Proglio dans une déclaration diffusée par Electricité de France (EDF).
Le conseil d'administration de Veolia Environnement avait décidé d'attribuer 450.000 euros par an à M. Proglio pour son rôle de président non exécutif. L'annonce de cette rémunération qui devait s'ajouter aux 1,6 million d'euros perçus par M. Proglio en tant que patron d'EDF, suscitait une vive polémique depuis mardi.
Une nouvelle polémique pointe son nez
L'existence d'une possible retraite chapeau de plusieurs millions d'euros en faveur d'Henri Proglio faisait débat vendredi au lendemain de sa décision de renoncer à sa rémunération chez Veolia.
Le Parisien écrit vendredi que le nouveau patron d'EDF conservera cette retraite supplémentaire, pour laquelle Veolia a provisionné 13,1 millions d'euros en 2008.
Le chiffre de 13,1 millions d'euros pour Henri Proglio figure bien dans le rapport annuel, à la rubrique du régime collectif de retraite supplémentaire, d'un montant total de 30,2 millions au 31 décembre 2008. Le rapport annuel 2009 n'a pas encore été publié.
Interrogé sur l'information du Parisien, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, s'est montré dubitatif. "Je n'ai pas d'information là-dessus mais ce que je sais c'est qu'on a quand même changé des règles concernant les retraites chapeau et les rémunérations", a-t-il dit sur i-Télé.
Le PS demande la démission de Proglio de la présidence de Veolia
Le PS a demandé vendredi la démission d'Henri Proglio de la présidence de Veolia pour pouvoir diriger EDF, estimant que c'est la seule décision "morale" qui s'impose. Il "retrouvera beaucoup plus de liberté, beaucoup plus de confiance, sans doute beaucoup plus d'aisance et d'agilité, pour pouvoir diriger correctement EDF", a ajouté le porte-parole Benoît Hamon, car "le mélange des genres public-privé n'est pas bon" et peut mener à des "conflits d'intérêt potentiels". Que M. Proglio ait renoncé à son salaire de 450.000 euros est "une décision de bon sens", a-t-il poursuivi. Mais qu'une retraite chapeau de 13,1 millions d'euros, soit "840 fois la retraite moyenne d'un Français", lui ait été provisionnée est "quelque chose de parfaitement insupportable et injustifiable" dans le contexte de "stagnation salariale pour la plupart des Français et singulièrement des fonctionnaires", a-t-il estimé.
La vice-présidente du MoDem, Marielle de Sarnez, a estimé jeudi que le PDG d'EDF Henri Proglio devait aller plus loin : "Je trouve qu'il faut qu'il aille plus loin, qu'il aille jusqu'au bout de ce qu'il est en train de faire, c'est-à-dire d'abord, qu'il renonce à conserver une responsabilité avec les avantages qui lui sont afférents à Veolia", a dit l'eurodéputé sur Europe 1. "C'est un mélange des genres invraisemblable (...) contraire aux principes de la République. Quand on dirige une entreprise publique, c'est un honneur. Ce sont les contribuables français qui ont cette entreprise (...) qui doit être au seul service de l'intérêt général et en aucun cas au service d'un intérêt particulier", a-t-elle fait valoir.
"Encore 1,6 million d'euros au compteur!", ont déclaré jeudi dans un communiqué les députés communistes et du Parti de Gauche, à l'annonce que le PDG d'EDF Henri Proglio renonçait à sa rémunération de 450.000 euros de chez Veolia. "Ce grand patron d'une entreprise publique a dû se rendre à l'évidence: l'immoralité est parfois si visible qu'elle provoque l'écoeurement. Le gouvernement a eu beau se mobiliser pour justifier une rémunération aussi scandaleuse, l'émotion provoquée chez tous ceux qui ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts l'a emporté", écrit Roland Muzeau, porte-parole des députés PCF.
Le gouvernement soutient Proglio
Le Premier ministre François Fillon a salué jeudi soir le choix du patron d'EDF Henri Proglio de renoncer à son double salaire, affirmant à des journalistes "c'est une décision sage, dont je me félicite" à son arrivée à un meeting UMP pour les régionales à Paris.
La secrétaire d'Etat à l'Economie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet, elle, a estimé jeudi que la décision du PDG d'EDF Henri Proglio de renoncer à une partie de sa rémunération était "un geste fort", qui confirme qu'il est "le bon choix" pour diriger l'entreprise publique.
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