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LA VIDEO. Coupures d'Internet: une répression loin d'être virtuelle

Avec Internet, une nouvelle forme de répression est née: les coupures d'Internet. Depuis juillet 2016, les Nations Unies estiment qu'elles constituent une atteinte aux droits humains.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min

En matière de coupure Internet, le Cameroun a établi récemment un record: le pouvoir a privé les deux régions anglophones du pays de toute connexion, filaire et mobile, pendant plus de 50 jours consécutifs.

La toile s’est mobilisée autour du mot-dièse #BringBackOurInternet pour réclamer le rétablissement d’Internet dans la région anglophone où le régime camerounais tente ainsi d’étouffer toute contestation politique.

Une coupure d'Internet est une une interruption délibérée du réseau ou des communications électroniques, souvent dans le but de contrôler la communication. Couper l’accès au Net, aux réseaux sociaux ou encore empêcher les populations d'échanger des SMS est un phénomène qui prend de l’ampleur.

Selon l’ONG de défense des droits numériques Acess Now, 56 coupures d’Internet ont été enregistrés en 2016 contre 20 en 2015. Dix ans plus tôt, une seule avait été répertoriée.

Souvent pour des raisons politiques
La plupart de ces interruptions sont intervenues dans des pays en développement, souvent pour des raisons politiques.

En janvier 2011, les autorités égyptiennes coupent Internet aux premières heures d'une révolution qui s'organise aussi sur la Toile. Elle entraînera la chute du régime Moubarak.

En mars 2014, Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre turc, bloque Twitter afin de contenir les accusations de corruption dont il fait l’objet.

Ironie du sort, deux ans plus tard, c’est en lançant un appel sur le même réseau social que le président Erdogan réussira à sauver son régime d’un coup d’Etat.


Plus insolite, un pays peut décider de couper Internet pour combattre la tricherie à des examens.

L’Irak l’a fait en février 2017, la troisième fois en trois ans pour ce pays. L'Ouganda, l’Algérie ou encore l’Inde ont aussi eu recours à cette méthode.

Mais les internautes ne se laissent pas faire: ils trouvent des parades pour contourner ses restrictions. L’une d’elle est le VPN ou réseau privé virtuel.

L’accès à Internet est devenu un droit humain
Par ailleurs, les organisations de défense des droits numériques ne sont pas restées inactives. Une campagne internationale baptisée Keep it on a été lancée par Access Now.

La démarche est renforcée depuis juillet 2016: l’accès à Internet est devenu un droit humain. Le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a ainsi condamné «les mesures qui visent à empêcher ou à perturber délibérément l'accès à l'information ou la diffusion d'informations en ligne, en violation du droit international des droits de l'homme, et (a invité) tous les États à s'abstenir de telles pratiques et à les faire cesser».

Mais les coupures Internet n’ont pas seulement un impact social. Selon une étude américaine, entre le 1er juillet 2015 et le 30 juin 2016, elles ont coûté 2,4 milliards de dollars. 

Avec le développement de l'économie digitale, ces interruptions intempestives devraient devenir de plus en plus insoutenables.

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