La prochaine Clio 4 sera fabriquée à Flins (Yvelines) et en Turquie, a annoncé le PDG de Renault Carlos Ghosn samedi
"J'ai confirmé au Président que nous produirons la Clio 4 à Flins, dans un cadre général de 'double sourcing' (2e localisation) avec Bursa, en Turquie", a-t-il précisé après avoir vu Nicolas Sarkozy.
Sans dire comment se répartira la production future des deux sites, il a ajouté: "Le site de Flins est pérenne et l'emploi y sera maintenu à terme".
Aucun engagement sur la durée du maintien de l'emploi à Flins ou sur le volume de travail n'a été évoqué.
Peu avant, l'Élysée avait indiqué dans un communiqué : "Renault poursuivra sur le site de Flins la production des modèles actuels de Renault Clio et y implantera une partie de la production de la Clio 4".
Des garanties réclamées par le gouvernement
Le gouvernement voulait la garantie que la Clio 4, programmée pour 2013, soit prioritairement fabriquée en France, ce qui ne ressort pas clairement des deux communiqués de l'Elysée et de Renault. Il avait pris ombrage d'une fuite prêtant l'intention au groupe de fabriquer cette voiture dans son usine turque, qui produit déjà 180.000 véhicules par an. Renault répondait jusqu'ici que la décision finale n'était pas encore été prise et que la Clio continuerait à Flins jusqu'à ce que la Zoé électrique prenne le relais, voire au-delà.
Le communiqué de l'Elysée confirme par ailleurs plusieurs engagements antérieurs de Renault et de l'Etat (qui est actionnaire du constructeur à hauteur de 15% et dispose actuellement de deux sièges sur 18 au conseil d'administration). Le constructeur automobile a pour projet, "en accord avec l'Etat", de faire du site de Flins, où sera produite la voiture électrique Zoé à partir de 2012, une "grande plate-forme européenne du véhicule électrique."
Renault bénéficiera de l'emprunt national et de l'aide de l'Etat pour les véhicules électriques
Les projets de délocalisation ont d'autant plus choqué que l'Etat français a accordé une aide massive aux deux constructeurs automobiles français, Renault et PSA pour surmonter la crise de 2008-2009 (six milliards d'euros de prêts).
En outre, Renault reçoit un soutien public dans le cadre du plan de développement des véhicules électriques. Il bénéficiera de l'emprunt national qui sera prochainement lancé: 100 millions d'euros de prêts bonifiés pour le développement des véhicules et 70 millions d'euros de prêts pour une usine de batteries. Le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) et le Fonds stratégique d'investissement (FSI) investiront également au côté de Renault et Nissan dans le capital de l'usine de batteries. L'Etat soutiendra par ailleurs le déploiement en France du véhicule électrique grâce à un "super bonus" de 5.000 euros et à la mise en place des infrastructures de rechargement.
Des explications demandées par la Commission européenne
Les pressions de l'Elysée sur Renault ont amené vendredi la Commission européenne à demander des explications à Paris. Sur France 5, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a indiqué qu'il avait répondu que l'État n'intervenait qu'en tant qu'actionnaire, et que ses demandes en matière de localisation s'inscrivaient toujours au sein de l'Union européenne, puisque le débat portait sur la Turquie. Selon le ministre de l'Industrie, la commissaire européenne à la Concurrence Nellie Kroes s'est dite satisfaite de cette réponse.
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