La BCE a racheté 22 milliards d'euros d'obligations publiques de la zone euro pour soutenir l'Italie et l'Espagne
Ces rachats sur le marché secondaire de la dette, annoncés lundi sur le site internet de la BCE, représentent la plus grosse opération de ce type par l'institution monétaire européenne depuis le lancement du programme en mai 2010, en pleine crise grecque.
Le précédent record, établi en mai 2010 lors de la première semaine de mise en oeuvre de ce programme créé en pleine crise de la dette grecque, s'élevait à 16,5 milliards d'euros. Depuis, la BCE a accumulé pour 96 milliards d'euros de dette émise par des pays de la zone euro en détresse.
La BCE, comme à son habitude, n'a donné aucun détail sur ses rachats. Pour autant, les économistes sont unanimes: l'institution a ciblé les titres de dette italiens avant tout, et espagnols dans une moindre mesure, ceux-là mêmes qui sont dans le collimateur des marchés. Les taux sur ces titres se sont d'ailleurs nettement détendus ces derniers jours, un indice des actions de l'institution européenne.
Son président, Jean-Claude Trichet, avait annoncé en des termes laconiques début août que la BCE reprenait ses rachats, qu'elle n'effectue depuis le début qu'à contre-coeur.
"Nous nous attendions à des rachats dans cet ordre de grandeur, car le marché de la dette publique italienne et espagnole est bien plus important que celui de la dette grecque", a commenté l'analyste de Commerzbank, Michael Schubert.
"La BCE a trouvé un équilibre. D'un côté, il fallait un montant significatif pour prouver sa détermination aux marchés. De l'autre, il fallait qu'elle se laisse de la marge pour les semaines à venir", a renchéri son confrère Christian Schultz de la banque Berenberg.
Les rachats de la BCE devraient se poursuivre dans les semaines à venir, mais dans des proportions moins importantes, selon les analystes. Il lui faut tenir jusqu'à ce que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) prenne le relais, comme l'ont promis le 21 juillet les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro.
"Dès que le FESF recevra les moyens qui lui ont été promis, alors il n'y aura plus de raison pour la BCE de rester sur les marchés", a prévenu le Luxembourgeois Yves Mersch, l'un des membres du conseil des gouverneurs de la BCE , dans un entretien paru vendredi dans le Wall Street Journal.
Mais nul ne sait quand le FESF sera apte à reprendre le rôle de la BCE, car il faut pour cela que les parlements nationaux entérinent les décisions prises fin juillet. Or plusieurs émissions critiques sont prévues ces prochaines semaines, qui pourraient nécessiter l'intervention du pompier BCE.
L'Italie prévoit d'émettre de nouvelles obligations à partir de la fin du mois, et doit lever chaque mois entre 15 et 20 milliards d'euros. L'Espagne a annulé au début du mois une émission obligataire prévue le 18 août en raison de la tempête qui sévissait sur les marchés financiers, mais doit refaire une tentative le 1er septembre.
Certains investisseurs privés ont déjà déserté le champ de bataille. La première banque allemande, Deutsche Bank, a ainsi restreint son exposition à la dette publique italienne à moins de 1 milliard d'euros fin juin, contre 8 milliards d'euros fin 2010.
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