Les syndicats et la gauche dénoncent le projet de loi qui prévoit le rachat des RTT, en passe d'être adopté par le Parlement
Cette mesure prévoit de permettre aux employeurs du privé de racheter des jours de RTT à leurs salariés qui en font la demande. La gauche y voit une grave entorse aux 35 heures.
"Coup de canif" contre les 35 heures, mauvaise réponse à l'inflation… Les syndicats et la gauche s'opposent au projet de conversion des RTT contre rémunération, pour les salariés du privé, en passe d'être voté au Parlement. Soutenu par la majorité présidentielle et la droite, ce projet donne la possibilité aux entreprises du privé de racheter aux salariés des jours de RTT, si les employés en font la demande.
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Les défenseurs de la monétisation des RTT présentent la mesure comme un coup de pouce face à l'inflation. Mais pour les syndicats, c'est un contre-sens. "Les salariés vont voir les RTT comme une source potentielle de revenus, et renoncer à ce temps supplémentaire pour se reposer", s'inquiète Vincent Gautheron, membre de la commission exécutive de la CGT. Par ailleurs, "beaucoup de branches, comme l'hôtellerie-restauration et l'aide à la personne, n'ont pas de RTT, et ne verront donc pas d'augmentation de leur salaire".
Inquiétudes des syndicats sur les salaires
Les syndicats s'insurgent face à ce "coup de canif" dans le dispositif des 35 heures. "Invoquer sans cesse l'objectif du plein emploi tout en faisant travailler plus ceux qui ont déjà un emploi relève du paradoxe !" pointe Frédéric Souillot, secrétaire général de FO, dans un communiqué. Michel Beaugas, secrétaire confédéral de FO, évoque également "de la perte nette pour les caisses de la Sécurité sociale". Il est en effet prévu que l'argent reçu lors du rachat de ces RTT soit exonéré de l'impôt sur le revenu et des cotisations.
Le président de la CFTC, Cyril Chabanier, considère que "les salariés qui veulent racheter leurs RTT ne sont pas ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus, mais ceux qui veulent avant tout un salaire décent". Selon lui, les entreprises pourront dire "qu'elles n'ont pas besoin d'augmenter les salaires, puisque les salariés pourront racheter leurs RTT". Les négociations "sont déjà difficiles, mais cette mesure va encore plus inciter les entreprises à augmenter a minima les salaires".
Pour Boris Vallaud, président du groupe PS à l'Assemblée, "la droite sarkozyste en rêvait, la macronie le fait : tuer à bas bruit les 35 heures, avec la monétisation des RTT", a réagi l'insoumise Clémentine Autain. Tandis que pour le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, "l'esprit Uber continue" car l'Etat "rend possible le rachat individuel des RTT hors cadre collectif et sans cotisations sociales".
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