Inflation : les nouvelles réunions entre Bercy, les industriels et la grande distribution vont-elles enfin faire baisser les prix ?
Très chères courses... et la guerre des prix continue en coulisses. Quelques mois après la promesse du gouvernement d'une "baisse visible des prix" alimentaires à la rentrée, l'addition reste toutefois douloureuse pour les consommateurs, avec une augmentation des prix alimentaires de près de 13% en un an. Conséquence : distributeurs et industriels sont à nouveau convoqués à Bercy en cette rentrée 2023 pour trouver des solutions. Ils sont souvent pointés du doigt et accusés conjointement de ne pas en faire assez pour la baisse des prix.
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Bruno Le Maire réunira ainsi mercredi 30 août à Bercy les représentants de la grande distribution et le lendemain les industriels, selon les informations de franceinfo, confirmant des informations d'Europe 1. Il s'agit de faire "un nouveau point sur la lutte contre la vie chère", a déclaré le ministre de l'Économie, alors que les prix sont loin de baisser dans les supermarchés.
"Les industriels ont décidé de ne pas renégocier"
Deux rendez-vous, donc, pour un même sujet : voici la preuve d'une division qui persiste entre distributeurs et industriels. Invité de franceinfo, mardi 29 août, le PDG de Carrefour Alexandre Bompard a accusé : "Les industriels, en dépit de la baisse des cours, ont décidé de ne pas renégocier. Ces baisses ont commencé pour certaines il y a 9 mois. Ils ont décidé de ne pas répercuter les baisses", a-t-il regretté.
Même constat pour le représentant de la grande distribution, Jacques Creyssel, délégué général de la fédération professionnelle, la FCD : "On a de vraies difficultés avec les industriels qui refusent de renégocier. Il y en a 15 à 20 qui ont accepté des baisses de tarifs temporaires sur quelques produits. Au lieu de renégocier, ils annoncent faire des promotions de 5 ou 7% sur tel type de pâtes pour trois mois qui ne sont pas à la hauteur de la baisse de 30 à 40% des matières premières".
En attendant d'éventuelles réouvertures de négociations, ce qui risque de prendre encore plusieurs mois, les distributeurs pressentent que Bercy pourrait leur demander des efforts sur la composition, la durée des paniers anti-inflation. "À mon avis, ce que veut le ministre, c'est d'abord une prolongation. Il avait demandé jusqu'à septembre et, maintenant, il va vouloir demander que ça aille plus loin. Certaines chaînes de supermarchés ont déjà annoncé qu'il le ferait jusqu'à la fin de l'année. On peut imaginer que ça continue. Enfin, deuxièmement, on peut y ajouter éventuellement des produits nouveaux. Mais faut-il encore qu'il y ait des gestes en face...", poursuit Jacques Creyssel.
"Que chacun joue le jeu"
Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), lui, voit le verre à moitié plein : "L'inflation alimentaire commence à ralentir, les choses vont dans le bon sens, s'est-il félicité sur franceinfo. Avant de dire qu’on a le mauvais rôle, on devrait d’abord dire que l’inflation alimentaire commence à ralentir. Il y a quelques semaines, nous étions à 16,5% d’inflation, on est désormais à 12,7%", selon lui. Mais quand les matières premières baissent de 30 à 40%, comme dernièrement le blé, on ne retrouve que 6% de baisse sur les pâtes. "On n’a pas encore l’impact total de la baisse des prix, cela prend du temps", répond Jean-Philippe André.
Selon les informations de franceinfo, Bruno Le Maire souhaite donc demander aux distributeurs et aux industriels de s'engager davantage dans la lutte contre l'inflation, prolonger les opérations de baisse des prix sur 1 000 produits essentiels et être plus nombreux à le faire. "Aujourd'hui, leur nombre est insuffisant", a-t-il ainsi déploré lundi 28 août sur France Inter. Sans engagement de leur part, Bruno Le Maire dit "garder tous les instruments à sa disposition pour que chacun joue le jeu".
Pour savoir qui a réellement joué le jeu, le ministre de l'Économie promet de rendre publiques deux enquêtes, l'une de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), l'autre de l'Inspection générale des finances (IGF). Face à une consommation au plus bas depuis plus de quinze ans au rayon alimentation, les professionnels semblent pourtant avoir intérêt à s'accorder plus que jamais.
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