"La production de 11 centrales nucléaires est échangée chaque jour sur le marché européen" : on a visité la bourse à l'électricité d'EDF
Après le passage de la tempête Ciara, EDF a vendu à l'étranger beaucoup plus d'électricité que d'habitude. franceinfo s'est rendu à Saint-Denis pour comprendre comment EDF optimise sa production et ses ventes en France et à l'étranger.
C’est une véritable bourse de l'électricité. À Saint-Denis, en banlieue parisienne, dans une salle tapissée d’écrans et de courbes en couleurs, Perline Legentil et ses collègues pilotent toute la production d’électricité française, en utilisant plein de mots... mystérieux. "Le principe de notre équipe, finalement c’est assez simple, c’est qu’on réalise une prévision de consommation des clients d’EDF pour la journée du lendemain, explique Perline Legentil, coordinatrice processus journalier chez EDF. Ensuite, avec l’équipe, tout l’après-midi, on va construire les programmes de production de chaque centrale, nucléaire, thermique et hydraulique, pour ensuite envoyer tout ça aux gestionnaires de réseaux, et à toutes les centrales." L'objectif, pour ces dernières : connaître le volume de production à atteindre pour le lendemain. "Et ensuite on refait ça tous les jours de l’année, jours fériés et week-ends compris." Pour EDF, cette activité d'optimisation est cruciale : l'électricité ne se stocke pas, l'approvisionnement doit en permanence s'ajuster à la demande. Et les excédents de production peuvent même être exportés.
"Récupérer des mégawatts par-ci, par-là"
Avec le passage de la tempête Ciara et les forts vents qui ont balayé la France, EDF a vendu à l'étranger beaucoup plus d'électricité que d'habitude. Les éoliennes ont tourné au maximum. Marc Ribière, responsable de l’équilibre offre-demande chez EDF, est satisfait. "Nous sommes aujourd'hui largement vendeurs sur le marché". Car c’est aussi ici, au sein de la direction optimisation amont-aval et trading (DOAAT) qu’est gérée une question stratégique : les achats et vente d’électricité, selon ce qu’exige la situation. "C’est la production d'environ 11 centrales nucléaires qui chaque jour est échangée sur le marché au niveau européen. À certains moments, on est largement vendeurs, quelques fois on est un petit peu acheteurs... Mais globalement, la vente d’électricité participe largement à l’amélioration de la balance commerciale française", se félicite-t-il.
Paramètre essentiel : la météo. Sur un écran, des dizaines de courbes indiquent en finesse les températures et les prévisions. "Un degré de température en moins l’hiver, c’est environ 2 400 mégawatts de consommation en plus, continue Marc Ribière. Donc, évidemment, ça veut dire que la consommation sera soutenue, il faut s’assurer que les moyens adéquats seront bien là au bon moment. Ce sont des situations qu’on a connu un tout petit peu en début d’hiver, pendant un jour ou deux, mais sur nos prévisions, on n’a pas de vagues de froid."
On peut dire que jusqu’à fin février au moins, il n’y a pas d’hiver.
Marc Ribièreà franceinfo
En France, le record de consommation électrique a été atteint le 7 février 2012 avec plus de 100 000 mégawatts. Des journées comme ça, Perline Legentil ne les oublie pas : "Les journées de grand froid , il faut qu’on fasse le maximum pour optimiser au mieux, récupérer des mégawatts par-ci, par-là... Des fois, les journées tendues, on cherche vraiment tous les mégawatts ! On va chercher, appeler les centrales, savoir si elles ne peuvent pas produire un peu plus que ce qu’elles ont lancé, etc."
Dans ce cas, les centrales qui produisent sont parfois au charbon, notamment quand EDF est obligée d’importer de l’électricité de l’étranger, ce qui arrive en moyenne 10 à 15 jours par an.
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