Chine : des proches des dirigeants ont placé leur fortune dans des paradis fiscaux
Plus de 20 000 Chinois ont placé leur fortune dans des paradis fiscaux, principalement aux Antilles, selon un réseau de journalistes d'investigation.
Nouvel épisode des Offshore Leaks sur les paradis fiscaux. Des proches des plus puissants dirigeants chinois, dont le président Xi Jinping et l'ancien Premier ministre Wen Jiabao, ont utilisé les paradis fiscaux pour dissimuler une partie de leur fortune, a révélé, mercredi 22 janvier, un réseau de journalistes d'investigation, repris par Le Monde.
Selon les documents financiers obtenus par le consortium indépendant des journalistes d'investigation (ICIJ), basé à Washington, près de 22 000 clients originaires de Chine populaire ou de Hong Kong sont liés à des compagnies offshore dans les paradis fiscaux. Parmi eux, des millionnaires issus du monde des affaires, dont Yang Huiyan, la femme la plus riche de Chine, ou encore Pony Ma et Zhang Zhidong, fondateurs du géant de l'internet Tencent.
Des parlementaires sur la liste
Les 2,5 millions de dossiers confidentiels décortiqués par l'ICIJ révèlent également un véritable "who's who" de l'élite politique de la deuxième économie mondiale. Cela alors même que la richesse des dirigeants reste un sujet tabou en Chine et que les plus hauts responsables du régime communiste sont officiellement supposés servir le peuple de façon désintéressée.
On y trouve des membres de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le Parlement chinois, ainsi que des proches de l'ancien président Hu Jintao, de l'ancien Premier ministre Li Peng, et de Deng Xiaoping, qui avait supervisé, à partir de la fin des années 1970, l'ouverture de l'économie chinoise.
Des proches du président impliqués
Sont également impliqués des proches de Xi Jinping, l'actuel chef d'Etat, et de Wen Jiabao, Premier ministre de 2003 à 2013, qui avaient déjà été éclaboussés, en 2012, par des enquêtes journalistiques sur la fortune colossale de leurs familles.
Parmi eux, un beau-frère de Xi Jinping. Richissime promoteur immobilier et investisseur, Deng Jiagui possède ainsi 50% d'une société immatriculée aux îles Vierges britanniques. De son côté, le fils de Wen Jiabao, Wen Yunsong, a constitué, en 2006, dans le même paradis fiscal, une société dont il était l'unique dirigeant et actionnaire.
Des conflits d'intérêts cachés
Bien que de telles sociétés "peuvent ne pas être tout à fait illégaux", elles recouvrent souvent "des confits d'intérêts et l'utilisation des relations au cœur du gouvernement", a indiqué à l'ICIJ Minxin Pei, professeur au Claremont McKenna College.
Ces révélations interviennent quelques jours après la publication, à Hong Kong, d'une lettre de Wen Jiabao, où ce dernier clamait son "innocence" après les informations publiées l'an dernier sur sa famille et se défendait de toute malversation.
Cap aux Antilles
90% des clients chinois ont constitué des entités offshore aux îles Vierges britanniques, dans les Antilles, souvent avec l'aide de firmes occidentales, parmi lesquelles les établissements helvètes UBS et le Crédit suisse, mais également le géant du conseil PricewaterhouseCoopers (PwC).
Près de 7% d'entre eux se sont établis aux îles Samoa, et 3% dans d'autres zones, a également indiqué l'ICIJ, qui a précisé avoir travaillé avec plus de cinquante organisations et médias partenaires à travers le monde pour analyser les documents.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.